Humans after fall
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le 30 sept. 2023
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En septembre 2023 sortait « The Creator ». Je n’étais pas particulièrement fan des précédentes réalisations de Gareth Edwards. « Godzilla » m’avait laissé de marbre avec ses personnages en mousse, « Rogue One » avec ses dialogues patauds. En revanche, il me fallait reconnaître au bonhomme une certaine propension à produire des images marquantes, des rapports d’échelle sidérants.
Les visuels de son nouveau film se montraient léchés, la bande-annonce intrigante. Même si le cliché de l’homme brisé qui retrouve goût à la vie en accompagnant un enfant me semblait être plus que rabattu, le fait d’avoir un blockbuster de SF qui n’était ni franchise ni reboot suffisait à éveiller mon intérêt.
Malheureusement, cette bande-annonce contenait également un plan d’explosion qui soufflait des immeubles. Ce plan, bien que maquillé pour faire futuriste, n’a pas trompé l’œil des youtubeurs du Corridor Crew. Il s’agissait d’une utilisation moralement inadmissible d’un plan de l’explosion du port de Beyrouth que nous avions tous vu en boucle lors du terrible évènement de 2020.
Cette révélation a eu sur moi l’effet d’une douche froide, et je n’ai vu ni Gareth Edwards ni le studio communiquer sur le sujet même si étrangement ce plan est absent du montage final. Dès lors, comme beaucoup de gens, je l’ai laissé arriver et partir des salles obscures sans lui prêter la moindre attention.
Deux ans plus tard, j’ai enfin laissé sa chance au film, et je dois avouer que j’ai été très agréablement surpris.
Tout d’abord, évacuons le négatif. « The Creator » n’est pas un film très original. Certains, en affichant clairement leurs influences, parviennent à les marier dans une recette qui semble neuve, comme par exemple « Matrix ». Ici, on est plus face à un canevas dans lequel chaque fil reste identifiable.
L’ex-infiltré hanté par les fantômes de sa double identité.
Les flashbacks de la femme aimée qui rit au ralenti.
L’enfant solaire et naïf qui porte en lui des pouvoirs démesurés.
Ensuite, on n’est pas face à un film qui questionne l’IA ou même l’humanité. Tout ceci n’est qu’un canevas visuel. Les simulants pourraient être des Ouïghours que le film resterait peu ou prou le même.
Je pourrais continuer comme cela longtemps, mais on s’est compris. On est donc face à une recette connue. Mais alors, pourquoi c’est bien ?
Les éléments constitutifs ont beau ne pas être d’une prime fraîcheur, l’ensemble fonctionne bien. Je n’ai jamais été surpris par le déroulé du récit, mais son émotion m’a gagnée progressivement jusqu’à réussir à me tirer quelques larmes.
Cette empathie doit beaucoup à John Davies Washington. Il arrive à humaniser le stéréotype qui lui sert de personnage en le jouant simplement, dans une recherche d’honnêteté. J’ai plusieurs fois pensé à Will Smith, qui jouait dans « I, Robot » le même genre d’amputé. Le contraste est flagrant si on compare les deux scènes de réveil de début du film : W.S. se redresse avec sa prothèse, masse vaguement l’endroit où elle est attachée dans un plan de douche servant surtout à montrer ses pecs de héros. Au contraire, JDW se réveille sans ses prothèses, vulnérable. Il gobe des pilules avant de les enfiler maladroitement. C’est encore une fois peu original, mais ça a le mérite d’installer un personnage dans sa propre contradiction robotique, beaucoup plus efficacement que dans le film d’Alex Proyas. Le reste du casting a également l’occasion de montrer les failles de leur personnage, rendant le film et ses enjeux tangibles.
Et puis bon sang, le film est beau, mais vraiment beau pour son budget. Avec 80 millions de dollars, il en fait 3 fois plus et mieux que n’importe quel Marvel à 200 millions.
Chaque denier est à l’écran dans ce grand spectacle qui, déjà plus que respectable dans ses deux premiers actes, devient gargantuesque et grisant dans son affrontement final.
Edwards y fait ce qu’il sait faire de mieux : mettre des petits personnages à côté de gros trucs. Le petit plus par rapport à ses précédentes réalisations, c’est qu’il ne perd jamais l’émotion des personnages dans cette démesure.
« The Creator » ne sera jamais un classique de la SF, mais la somme de ses qualités efface aisément ses quelques défauts, pour ne laisser que ce qui plaît particulièrement à mon petit cerveau de geek prévisible. Un bon film ayant injustement bidé qui ne demande qu’à être défendu.
Créée
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