Adapté du comics éponyme de James O'Barr, The Crow appartient à ces films maudits constitués avec passion et détermination, dont on se demande encore comment il a pu tenir debout après une production chaotique. Entre les difficultés du jeune Alex Proyas à s'imposer dans son premier vrai film de studio, les différents accidents survenus sur le plateau, la mort accidentelle de Brandon Lee survenue pendant le tournage, les astuces numériques inédites pour terminer le film et le changement de studio suite à la perte tragique de l'acteur principal, on a peine à croire que ce premier film ait pu être finalisé dans les temps.


Pourtant le film demeure aujourd'hui encore une sublime fresque gothique esthétiquement parfaite, allant de décors désolés et suintant à une atmosphère lugubre. The Crow enivre, fascine, s'éloignant efficacement de l'idée reçue des adaptations de comics pour délivrer une œuvre aussi intimiste que percutante, habile mélange de revenge movie et de rédemption dramatique. Soigné de bout en bout, enveloppé par l'envoûtante musique de Graeme Revell, le long-métrage s'avère particulièrement fidèle à son modèle de papier, Proyas reproduisant parfois à la case-près les vertigineuses planches de O'Barr.


Dans le rôle-titre, le fils du Petit Dragon semble né pour le rôle, excellant pour son dernier passage à l'écran. Alors habitué aux personnages de flics à gueule d'ange, Lee incarne ici avec brio un vigilante torturé, parfois dingue, aussi cruel envers ses proies que bienveillant avec le peu de proches qu'il conserve. À ses côtés, le trop rare Ernie Hudson, ici en vieux flic désabusé, la jeune et débrouillarde Rochelle Davis (qui ne fera pas grand chose par la suite) et le toujours aussi glaçant Michael Wincott, comme d'habitude en grand méchant, entouré d'une belle brochette de seconds couteaux.


Premier film d'une saga rabaissée au grand n'importe quoi, The Crow reste une œuvre noire, bouleversante, un film d'action fantastique aux antipodes des produits du genre, un faux blockbuster et un vrai conte moderne et intimiste, début d'une mode gothique qui fait fureur aujourd'hui encore. « Sûrement, — dis-je, — sûrement, il y a quelque chose aux jalousies de ma fenêtre ; voyons donc ce que c’est, et explorons ce mystère. Laissons mon cœur se calmer un instant, et explorons ce mystère ; — c’est le vent, et rien de plus. »

MalevolentReviews
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le 27 nov. 2020

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