L'homme de fables

Au milieu du film, le jeune Spielberg est chargé par son père de monter les images qu'il a filmées au camping, pour en faire un film à montrer en famille. Et pendant ce montage, on a moment presque beau où Sam découvre que la caméra est un outil qui enregistre des choses invisibles à l'oeil nu dans la vie de tous les jours, en l'occurence de sérieux indices sur une relation adultère entre sa mère et l'ami de son père. Mais que choisit de faire le jeune Steven avec cette cruelle vérité entre ses mains ? Il la coupe. Il la coupe pour édulcorer son film. Pour plaire à tout le monde et ne pas heurter son public. Voilà une profession de foi artistique aussi sincère qu'émouvante de la part de Spielberg, et qui justifie à elle seule d'aller s'emmerder pendant 2h30.

Sinon à part ça c'est un film de câlins mais surtout d'auto-câlin, de destinée et de prédestination, de travellings avant en gros plans pendant les moments décicifs, de moments drôles (tous les moments mélodramatiques ridicules) et à l'inverse des moments d'humour rassembleur, un numéro recyclé de Lynch qu'il a déjà fait ailleurs et mieux, d'acteurs plus mauvais les uns que les autres, de désamorçage de conflits dans la guimauve, de niaiserie généralisée toutefois moins pénible que la componction à la James Gray. Bref, tout ce qui fait la mièvrerie, la lourdeur, le manque de lucidité et la vulgarité des winners de l'histoire.