Chantage à l'anglaise
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le 5 févr. 2020
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Après des débuts remarqués avec deux films de gangsters pittoresques qui ont fait fureur dans les soirées vidéo des années 90-2000, Guy Ritchie avait peu à peu déçu la plupart des espoirs placés en lui, malgré deux "Sherlock Holmes" de plutôt bonne facture.
Son style, un peu tape-à-l’œil, étant souvent qualifié de "sous-Tarantino à l'anglaise", Ritchie a tenté parfois de s'en éloigner parfois de le rendre plus profond, sans jamais convaincre.
Après l'échec de son "Roi Arthur" raté et le succès de son "Aladdin" impersonnel, le voila de retour à ses premières amours : Londres, les gangsters et les dialogues qui claquent.
Et ça fait plaisir car le bougre est en forme, une fois de plus entouré d'un casting de cadors et armé d'un scenario plus efficace que jamais.
Il faut reconnaitre que, si "Snatch" et "Arnaques, crimes et botanique" avaient du style et des moments cultes, ils pêchaient sur le plan du rythme et de l'écriture et n'étaient pas vraiment plus que des "films cools". "Revolver" et "Rock n Rolla", s'ils avaient un peu plus d'ambition, étaient sans doute un peu trop bordéliques et visuellement fatigants.
"The Gentlemen", avec sa narration éclatée, prend le risque de partir dans tous les sens mais parvient à garder l'attention et à toujours retomber sur ses pattes. Mais surtout, avec ses personnages un peu plus âgés, prend la peine d'apporter une réflexion sur le monde actuel, sur l'embourgeoisement, sur le décalage entre les gangsters d'hier et les voyous d'aujourd'hui mais aussi sur le cinéma, sur la drogue et sur la politique.
Bon, si le film est clairement plus maitrisé que ses précédents, il n'en est pas forcément celui de la maturité pour autant, et Guy Ritchie se plait à jouer les sales gosses, à montrer des personnages stupides, violents, cupides et racistes mais toujours avec style.
C'est à la fois le point fort et le point faible du film. Le savoir-faire est incontestable mais force est de constater qu'on est un peu en terrain connu, voire très connu, et les effets font parfois très superficiels, tout en donnant cette impression d'être à la traine par rapport à d'autres réalisateurs qui ont commencé, eux aussi par ce genre de films, mais qui se sont réellement imposés depuis.
Je pense à Tarantino bien sûr mais aussi à Matthew Vaughn, qui a débuté comme producteur de Guy Ritchie, et qui est depuis devenu une référence en matière de divertissement efficace et malin. Difficile de ne pas penser par moments à "Kingsman" ou à "Layer Cake" devant ces "Gentlemen" en costumes, ces bastons au ralenti, ces décors de manoirs anglais ou de cités HLM londoniennes.
Toujours est-il qu'on passe un très bon moment, en compagnie de tous ces personnages, que les punchlines s'enchainent, servies par des acteurs inspirés (notamment Hugh Grant dans un irrésistible contre-emploi) et que, malgré quelques rebondissements trop prévisibles, on arrive à être surpris par moments... et à rire souvent.
Si Guy Ritchie n'est sans doute pas le roi en matière de cinéma, il revient fièrement prendre sa place sur le trône du film de gangsters britannique.
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Créée
le 20 févr. 2020
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