Film le plus cher jamais produit par Netflix et dirigé par les frères Russo : il y a une sorte de plaisir mesquin à constater le désastre de 'The Gray Man'.
Les dialogues sont absolument sidérants : toutes les répliques sont à côté de la plaque, mais énoncées avec toute la gravité du monde. Les acteurs n'ont aucun charisme : Chris Evans est ahurissant de nullité et Ryan Gosling est transparent. Ana de Armas incarne le personnage le plus con de l'histoire : elle s'implique dans l'intrigue pour prouver qu'elle n'est pas impliquée. Le scénario est une immense farce : tous les enjeux du films sont expédiés avec les mots magiques "shadow government" sans aucune autre explication.
De toute façon, le scénario n'est qu'un prétexte pour reproduire les codes d'un James Bond et faire péter le budget. Combats au quatre coins du globes, feux d’artifices, fumigènes, explosions, traveling sur des drones : les réalisateurs sont spécialisés dans l'esbroufe. Agences de voyage, promoteurs automobiles et vendeurs d'armes peuvent se réjouir de cette débauche de moyens insensée.
Le film atteint son summum à Prague : on rit à gorge déployée de l'escalade absurde dans la démesure - alors qu'il s'agit d'une opération secrète de la CIA très sérieuse. Tant de questions sans réponse défilent dans notre tête au fur et à mesure que la séquence tourne au spectacle de cirque : Combien de victimes collatérales ? Quel sera l'impact sur les relations diplomatiques entre Etats-Unis et l'Union Européenne ? Combien de milliers de mercenaires travaillent dans le monde pour Lloyd ? Quel genre de mercenaire apporte un lance-roquette et une sulfateuse pour une mission d’assassinat ?
Aussi absurde et régressive soit-elle, cette séquence est peut-être la seule chose à sauver de ce navet.