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Quand le mauvais goût devient un art martial.

Jim Hosking signe un film qui semble tout droit sorti d’un cauchemar VHS oublié dans une station-service de l’Ohio. C’est laid, poisseux, outrancier… et précisément pour ça que ça fonctionne. Ici, le mauvais goût n’est pas un accident : c’est une esthétique, une posture critique. Hosking détourne les codes du film de genre — horreur, comédie, buddy movie, romance — pour en faire une satire grotesque où chaque réplique semble improvisée par un alien ayant lu un manuel de cinéma d’exploitation des années 70.


Une absurdité chorégraphiée

Le scénario est d’une simplicité désarmante : un père, un fils, une femme qui s’interpose, et des meurtres commis par un serial killer intégralement huilé. Mais ce squelette narratif sert surtout de prétexte à enchaîner des dialogues absurdes, des plans inconfortablement longs et un humour si gênant qu’il en devient transcendant. On rit, on grimace, on doute de notre santé mentale, puis on recommence.


Un jeu d’acteurs au bord du précipice

Michael St. Michaels et Sky Elobar livrent des performances qui oscillent entre le grotesque et le sublime. Ils incarnent des personnages à la fois caricaturaux et étrangement touchants, comme si Lynch avait dirigé un duo de clowns tristes sous acide. Leur capacité à maintenir un ton parfaitement sérieux dans un univers aussi absurde est, à elle seule, une performance conceptuelle.


Satire et hommage

Sous ses litres de graisse et ses blagues scatos, The Greasy Strangler fonctionne aussi comme une parodie des films d’exploitation et des thrillers urbains des années 70, avec leur esthétique crade, leurs anti-héros louches et leurs scènes gratuites. Hosking pousse tous les curseurs au maximum jusqu’à rendre visible l’artificialité même du genre.


Verdict :

The Greasy Strangler n’est pas un film qu’on “aime” au sens classique. C’est une épreuve, une initiation, une performance de mauvais goût absolu où l’absurde devient un instrument de critique et où la graisse est le liant narratif. À voir si vous aimez les films qui collent aux doigts… et au cerveau.

guipolgpl
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le 8 août 2025

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