Cette semaine, j’ai vu le dernier film de Lars Von Trier, The House That Jack Built, et j’en garde un avis mitigé. Ce film traite d’un tueur en série et de son “art”, mis en parallèle avec ses velléités d’architecte. Or, n’étant qu’ingénieur, il s’évertue à tenter de construire une maison qu’il ne cesse de déconstruire. L’importance de l’art rappelle un peu Hitler, célèbre peintre raté et psychopathe, et nous retrouvons plusieurs fois des allusions à la seconde guerre mondiale, notamment lors de la séquence pendant laquelle il projette de tuer plusieurs hommes alignés en n’usant que d’une seule balle, de la même manière qu’ont fait les nazis. Durant tout le film, Jack énumère ses crimes en voix off à un personnage mystérieux et on comprend ensuite qu’il s’agit d’un dialogue entre lui et sa conscience, matérialisée à la fin par le personnage de Verge qui, lui, est clairement inspiré du Virgil de Dante. L’idée est audacieuse, l'histoire affreuse, la mise en scène intéressante. Mais Lars Von Trier ne peut s’empêcher de vouloir en faire toujours plus, d’expliciter sa démarche au maximum, poussant jusqu’à intégrer dans le montage des plans d’auto-références pour tenter de prouver que sa filmographie reste cohérente avec sa vision de la violence et du cinéma. Quant à la misogynie, qui est également très présente, elle ridiculise le féminisme en ne montrant que des femmes idiotes et en faisant Jack se plaindre de sa condition d’homme. D’autres éléments, comme l’assassinat de deux enfants ou le sein coupé d’une jeune femme semblent n’être là que pour choquer et nous sortent de la vraisemblance de l’histoire. Cependant, je retiens quand même des moments marquants qui auraient mérité d’être davantage exploités, tels que le fait que Jack ait toujours cherché à se faire attrapper comme quand il jouait à cache-cache en laissant derrière lui la trace des roseaux aplatis, ou le fait qu’il garde un souvenir apaisant des hommes de son village qui fauchaient les champs - image que l’on retrouve d’ailleurs lors de la catabase et qui symbolise pour lui le paradis perdu. Pour finir, je dirai que, bien que ce film pèche souvent par son manque de subtilité, il restera inoubliable pour l’incroyable descente aux enfers du personnage.

claramityjane
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le 16 nov. 2018

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