"I believe Heaven and Hell are one and the same."

THE HOUSE THAT JACK BUILT de Lars Von Trier


"Some people claim that the atrocities we commit in our fiction are those inner desires which we cannot commit in our controlled civilization, so they're expressed instead through our art. I don't agree. I believe Heaven and Hell are one and the same. The soul belongs to Heaven and the body to Hell."


Plongée dans l'esprit d'un tueur en série, le dernier film de Lars Von Trier possède tous les éléments pour choquer d'avance la bien-pensance. Et comment pourrait il en être autrement? Même chose pour les critiques qui condamne le film d'être un pamphlet misogyne pro-nazi, irrévérencieux et gratuit, fait dans le but de choquer l'audience etc...


Bon il y a un peu de vrai. Lars Von Trier a été le sujet de nombreuses polémiques et critiques concernant certaines déclarations (l'affaire du Festival de Cannes pendant une conférence de presse pour Melancholia est sans doute le fait le plus marquant)


Le propos du film est déjà explorer l'esprit d'un tueur mais il n'est nullement question de monter au pinacle le personnage mais plutôt d'être posé en observateur de l'horreur. Durant tout le film on voit le personnage sombrer de plus en plus dans l'ignoble.


Principe intéressant comme dans Nymphomaniac, le film commence à la fin et le héros raconte à un interlocuteur mystérieux (M."Verge") son histoire en la séparant en 5 "incidents". Ce qui rend le film vraiment fin sont les multiples commentaires et observations faites par les personnages, le rationalisme extrême sociopathique de Jack et la consternation analytique de Verge.


Ça part parfois assez loin, Von Trier peut paraître un peu pédant tant les références artistiques et techniques sont légion. Partir d'un meurtre brutal et sans concession et le justifier en parlant de l'architecture nazie... Curieux!


Le film n'est pas dénué d'humour malgré tout et fait finalement preuve de beaucoup de recul dans la haine meurtrière qu'il décrit. On sent que le réalisateur nous parle directement et remet en question nombre de ses interrogations personnelles quant à ce que devrait être l'art.


Il se permet d'ailleurs un nombre assez hallucinant de "trolls" envers ses détracteurs, donnant lieu à des passages proprement hilarants. (Notamment le passage sur le "mansplaining" qui est désopilant tellement il est caricatural et stupide.)


Tout est lié à la citation que je vous ai soumis en introduction, l'aspect fictionnel de ce long-métrage est fondamental, c'est un jeu constant et habile utilisant un coté très "méta" dans sa conception. Ses passages les plus insoutenables sont là au service d'une démarche artistique.


Condamnable certainement mais tout de même digne d’intérêt. Parmi les nombreux aspects que contient le cinéma, il faut de la place pour ce type d’expériences.


Ça ne plaira certainement pas à tout le monde et c'est le but. Il s'agit d'une démonstration ultra-brutale et radicale de ce qu'un créateur ultra-expressif et (un peu trop) en "roue libre" peut produire. En ce sens c'est fonctionnel, happant, terrorisant et met en constamment en défaut nos a priori, en défiant notre perception et nos pré-supposés tout en restant divertissant en définitive.


D'une densité intense et malsaine, The House That Jack Built est un voyage vers l'enfer qui mérite le détour. Ayez le cœur bien accroché avant de vous y plonger! (Âmes sensibles : s'abstenir!)

Kaleendah
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le 8 nov. 2018

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