S'il est un réalisateur précieux dans le mélange thriller/fantastique/horreur, c'est bien Mike Flanagan. Mais un talent éclatant que l'on ne voit que très rarement au cinéma, soit depuis 2019 et son adaptation du bouquin du bigleux du Maine : Doctor Sleep.
L'animal préférait jusqu'ici sévir sur les plates-formes de streaming au format série, souvent avec succès, comme l'a prouvé son diptyque Hill House et Bly Manor. Et si des projets tels que Sermons de Minuit et The Midnight Club pouvaient paraître comme en retrait, il y a avait toujours une patte singulière et un investissement émotionnel certains faisant qu'il restait toujours quelque chose dans le cœur après chaque visionnage.
Comme dans Pas un Bruit, Ne t'Endors Pas et le fabuleux The Mirror, du reste, tous honteusement passés inaperçus.
Mike Flanagan, c'est un monde à lui tout seul, que Life of Chuck vient parachever, en sortant, a priori, des ambiances déjà exploitées.
En fait, Life of Chuck est un univers à lui tout seul, dont la fin est prophétisée dès le premier acte. Un monde au bord de l'extinction, gangréné de diverses catastrophes naturelles. Traversé par un désarroi vu à hauteur d'homme coincé entre ses inquiétudes dérisoires et le sens de ce qui s'abat sur lui.
Mais déjà, dès son premier acte, Life of Chuck est un véritable tumulte d'émotions qui prend par surprise, le temps d'une conversation sur la représentation intelligible de l'univers et de son évolution. Le temps de retrouvailles dans une atmosphère étrange, mélancolique et inquiète, vampirisées par un curieux spam, avant que tout ne s'éteigne subitement...
Le deuxième tiers du film est une rencontre impromptue, électrique, rythmée de la batterie d'une artiste de rue. Et virevoltante le temps d'une danse échevelée qui donne envie de traverser l'écran pour se joindre à Tom Hiddleston et Annalise Basso.
Le troisième acte, quant à lui, s'intéresse à l'individuel et à une jeunesse marquée par le drame.
En dire plus serait criminel. Mais je vous dirai que si voulez voir Life of Chuck avec l'espoir de retrouver la composante fantastique du CV de Mike Flanagan, vous serez sans doute bien déçu. Car cet ingrédient n'occupe que l'arrière plan du scénario, loin des vampires, des fantômes et autres miroirs funestes.
Life of Chuck ne dépare cependant pas dans la filmographie de l'artiste. Car il représente une sorte de climax dans les émotions qu'il déploie. Un véritable maelstrom qui attriste, galvanise, touche au cœur et fait réfléchir. Peuplé de personnages que l'on apprécie immédiatement dans leurs fragilités et leur intime.
Life of Chuck s'ouvre au spectateur, tout en passant de l'universel à l'individuel, en jouant avec lui, en titillant sa curiosité, car on ne voit pas, dans un premier temps, où le film veut nous emmener. Mais on est immédiatement attiré. Par un jeu de résonnances entre chaque acte, de petits rappels, des dialogues qui se répondent et des scènes suscitant l'enthousiasme. Et surtout, une certaine idée du merveilleux où chaque étoile scintille sous la voute céleste de son univers.
Le voyage offert par Mike Flanagan dans Life of Chuck est précieux, intime, et réveillera sans doute en vous nombre de sentiments contraires et inestimable le temps de sa combustion lente et magique.
Life of Chuck ne s'analyse pas. Il ne s'explique pas plus. Il se vit, tout simplement.
Behind_the_Mask, qui regarde les étoiles s'éteindre.