Je vais pas tortiller du cul et découper mon propos en 3 parties pour d’abord torcher la fin et ensuite m’occuper du reste en montrant pas grand-chose tout en demandant à Dédé de venir raconter ma chronique en parlant par-dessus avec un ton docte que t’as envie de le péta direct. Non. Je vais être bien plus simple et aller droit au but : j’ai trouvé ça complètement nul.
Alors, non, pas complètement, la première partie est intriguante, j’en conviens j’étais intrigué ; et le casting est composé de bobines que t’es content de voir. Voila. Sinon c’est l’Echelle de Jacob passé à la moulinette Lalaland et, dans ma bouche, c’est pas trop un compliment. Alors ok, on devine que derrière tout ça y’a un bouquin très chouette de Stephen King, je l’ai pas lu mais j’ai quand même l’impression de l’avoir déjà lu 15 fois. Pour moi y’a zéro doute sur la capacité de l’écrivain à tricoter quelque chose de merveilleux là-dessus. Mais au-delà de ça, ce qu’on voit dans le film, ça donne surtout l’impression d’un pitch qui serait parfait pour un épisode d’une série anthologique qui n’excéderait pas les 25 minutes. Un peu genre un truc en noir et blanc présenté par un type en costard qui clope. Mais pour un film de deux heures c’est un peu limite. Surtout quand t’habilles ton film avec la matière d’un court métrage. C’est plus un film ton machin, c’est le pyjama de Red Richards ou un chewing gum que t’étend à l’infini alors ok, c’est la tactique de l’élastique et le championnat c‘est pour demain mais là ça le fait pas du tout. Mais alors pas du tout. J’ai eu l’impression constante que Michel Flagada était désemparé à l’idée de faire un film et d’avoir un propos à défendre et qu'il ne savait pas quoi faire. Surtout que passé le coté vaguement intriguant (oui je dis ça parce que j’ai été vaguement intrigué) du début, ce que tu te tapes ensuite c’est un machin composé de scènes à rallonge qui servent vaguement de cadre à un film raconté par une voix off casse noisette débitant un flot ininterrompu de banalités sirupeuses. On dirait moi y’a 10 ans quand les parachutes de MD étaient trop chargés et qu’on avait l’audace de notre insouciance. Ici, ça prolonge juste inutilement un récit fin de vie qui a fait, très rapidement, le tour de son intrigue.
Après qu'on ait capté l'astuce, au début de la deuxième partie, qu'est ce qu'il reste ? Un vague mystère au chocolat au grenier ?
Il faut meubler alors au milieu de cette logorrhée éventée, on déballe donc une grande scène de danse sinistre et chiante, pensée comme le morceau de bravoure d’un film pusillanime et fun comme une soirée télé devant FR3 Limousin lorsque les toiles cirées collaient aux cacaouettes que le temps qui passe avait rendu trop molles. Interminable et chiante, elle est filmée sans passion, laborieusement, sans idée et sans style… mais comme on est chez Michel Flagada et pas chez Damien Chazelle, au moins, j’ai pas trouvé ça totalement détestable saisi à la gorge par une irrépressible envie de casser des trucs en postillonnant vers l’écran des injures définitives que ponctueraient une petit poing serré et menaçant.
Ceci dit, je ne comprends pas pourquoi Flagada s’obstine à broyer Stephen King à travers sa moulinette à navet alors qu’il a le style, la virtuosité et la profondeur philosophique parfaits pour adapter l’œuvre de Polo Coelho. Imaginez, « L’Alchimiste », le nouveau film de Flagada, écrit par Alex Grogland… Succès assuré.
Bon, ce qui m'embête un peu, c'est qu’ici il ne s’en prend pas qu’à Stephen King et c'est bien navrant de le voir convoquer les propos de Carl Sagan pour lui tirer la manche jusqu’à ce qu’il se retrouve le cul par terre à patauger dans ce brouet consternant de bons sentiments de merde. Un spectacle d’une insondable tristesse… La vie de Chuck, ça m’a fait penser à la tante May des Spiderman de Sam Raimi, ce perso insupportable avec toujours un bon dicton frappé d’un bon sens pâte à crêpe chocolat chaud vissé dans le cornet, te regardant en biais, doucement, d’un air compassé et charitable et que t’as surtout envie de propulser direct se faire claquer le beignet dans un Serbian Movie quelconque. Ballet des bons sentiments et d’une bienveillance en mousse horripilante. Philosophie de colliers de nouille destinée à fabriquer des memes dégueulasses pour les boomers amateurs de banalités à paillettes qui pullulent sur Facebook. Alors bien sûr, évidemment je suis d’accord, les cheveux ça pousse et danser c’est sympa même si les maths c’est important car la vie nous offre des boites de chocolat. Bien sûr. La maladie ça craint et mourir c’est naze, surtout quand tu crèves avant tes 40 piges et que t’es un connard de comptable de merde qui s’est fait chier toute sa vie parce qu’il a fait ce qu’on lui dit et que faut pas attendre d’être trop vieux pour suivre ses rêves tout ça tout ça. Merci pour le conseil. Mais à écouter Tata biscotte et ses leçons de vie à la con déballer son écœurante mièvrerie dans cette mélancolie forcée et artificiellement surannée, j’avais juste envie que les infectés à gros chibre de la merde de Dany Boyle viennent secouer leurs appareils génitaux dans ce saladier de poncifs consternants.
Quelque part, The Life Of Chuck m’a semblé être le complément parfait de « Boomer ma vie mon œuvre », le dernier Zemeckis. Mais comme c’est tristement vide, désincarné et que ça pue la défaite, ça m’a aussi rappelé Flow… je crois que j’ai quand même préféré ce dernier à Chuck, probablement parce que le temps ayant fait son œuvre, j’ai la chance d’avoir à peu près réussi à l’oublier.
Alors j’étais plutôt de bonne humeur et j’avais plutôt envie de l’aimer ce film, mais en fait non, 2 heures pour me dire que le temps est une porte et la mort est une fenêtre, c'était beaucoup trop.