Contrairement à Rob Zombie, je ne ferai pas semblant, alors mettons immédiatement les pieds dans le plat : The Lords of Salem n'est certainement pas du cinéma mais, tout au plus, un spot de propagande satanique, faussement arty mais véritablement idiot.
Tiraillé entre pastiche du film indé américain et remake métalleux de Rosemary's baby, le métrage slalome sans cesse entre ce qui fit autrefois la gloire de son auteur dégénéré et les intentions mégalomaniaques de celui-ci.
Son histoire bidon de bébé antéchristique en dit long sur son désir profond : le gus cherche de toute évidence à pondre un classique de l'épouvante, subtil, pétri de mystère et d'occultisme. Armé de quelques références (explosions de couleurs à la Suspiria, images subliminales à la Shining, occultisme à la Kenneth Anger, peut-être un peu Merhige et - on l'a déjà dit - beaucoup de Rosemary's baby), il y tente des trucs pour dénicher la formule magique du Film d’Horreur Ultime, le film maléfique par excellence.
Formule tombée à l'eau, le temps faisant son œuvre. Ouf.
Ne s'y suivent que des scènes aussi glauques que vides, dont on ne saurait définir ni le sens ni le but, sinon celui, raté, de mettre mal à l'aise dans l'unique optique de mettre mal à l'aise.
Enorgueilli par le succès commercial du très médiocre remake d'Halloween, le réalisateur de The Devil's Rejects a manifestement oublié en cours de route pourquoi il eut été intéressant de mettre mal à l'aise (de son propre aveu, dans un interview donné je ne sais où, et dont je retrouverai la référence à l'occasion).
Présomptueux et superficiel, on ne ressent devant ce film d'horreur ni peur, ni frisson, ni quoi que ce soit qui soit propre à un film d'horreur. Rien d'autre qu'un malaise gêné, que l'on doit d'ailleurs beaucoup plus à sa bande originale hypnotique et viscérale qu'à sa mise en scène tout sauf audacieuse. Preuve, s'il en fallait une, que le bonhomme est avant tout musicien. Et ferait peut-être mieux de le rester.