Enfant du soleil

Ton destin est sans pareil

L’aventure t’appelle

N’attend pas et court vers elle


Il y a erreur sur la marchandise. Le trailer annonçait un film d’exploration dantesque au cœur de la jungle colombienne. The Lost City of Z est bien est un film d’exploration, mais celle-ci est moins territoriale qu’intérieure. Ne pensez pas vous entrainer dans une aventure archéologique à la Indiana Jones ou Uncharted, la recherche est interne, spirituelle, voire sensorielle.


Du coup, si on a parlé d’Apocalypse Now, c’est plutôt vers Aguirre, la colère de Dieu qu’il faudra se tourner si on cherche des références.


Le film raconte l’histoire vraie d’un explorateur anglais, Percy Fawcett, qui va enchaîner plusieurs expéditions tout au long de savie en Amazonie à la recherche d’une civilisation ancienne.


Il y a une certaine tendance en ce moment à découper son film en trois périodes. On l’a vu avec Lion et Moonlight cette année. Et si la rupture n’est jamais aussi franche ici, James Gray choisit de raconter trois expéditions de Fawcett. Mais entre ces courtes expéditions à l’écran, on revient chaque fois au pays, où notre explorateur doit retrouver sa famille, affronter les lobbys religieux, défendre sa cause et trouver des fonds.


Au final avec ces constants allers-retours, on est à chaque fois happé hors de la jungle et on passe plus de temps en territoire « civilisé ». Et dans ces moments je n’avais qu’une envie, c’était d’y retourner sur ce fleuve qui rend fou, à la rencontre de tribus incroyables. Je voulais retourner chasser du sanglier sauvage, partir sur les traces de l’El Dorado. L’expérience est donc parfois frustrante, mais je dois l’admettre, tout aussi intéressante.


Car James Gray se permet d’aborder une grande quantité de thèmes. Les relations de l’explorateur avec sa famille et des sacrifices qu’il est prêt à faire pour réaliser une part de lui-même sont au centre du film. Il se permet même une grande scène de guerre en pleine première guerre mondiale. On discute enfin de ce que signifie le terme « civilisation ». Parce que cette découverte, c’est la remise en cause d’un monde euro-centré et de la suprématie blanche, des constructions bibliques et des lobbys religieux qui n’acceptent pas que les sauvages soient plus que des sauvages.


Quant aux expéditions en elles-mêmes, elles sont très réussies, trop courtes et trop hachées donc, mais intenses. Par contre, dans la seconde, un nouveau personnage accompagne le groupe et il m’a énervé au plus au point. On saluera Charlie Hunnam qui continue d’imposer son charisme depuis Sons of Anarchy et Robert Pattinson, méconnaissable et convaincant mais dont le rôle reste discret.


The Lost City of Z est enfin servi par une photographie absolument splendide et bien nécessaire faisant honneur à l’époque et aux décors somptueux visités.


Théorie sur la fin (pas vraiment un spoil vu qu’elle ne prend aucune liberté sur les faits connus) :


En laissant planer le doute sur l’issue de la dernière expédition, James Gray a peut-être voulu dévoiler une vie possible après la mort.
La vie serait un fleuve auquel nous prenons tous part et dont la source jaillit interminablement. Un fleuve qui n’a pas de fin, comme la vie n’a pas de fin, la mort n’étant qu’un confluent vers de nouvelles contrées inexplorées.


Les cités d’or, ce n’est donc pas l’El Dorado, ce n’est pas la recherche de fortunes, mais ce sont nos rêves qui nous poussent vers l’inconnu, c’est ce père qui voit fièrement son fils marcher sur ses pas.


Enfant du soleil

Tu parcours la terre, le ciel

Cherche ton chemin

C’est ta vie, c’est ton destin.


NB : Ce générique avait quand même une sacrée classe. https://www.youtube.com/watch?v=_wQ3mOgZlh8

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le 16 mars 2017

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Peaky

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