Je me suis littéralement endormi (brièvement) devant le dernier film de Wes Anderson, et la déception est d'autant plus grande que d'habitude, j'aime bien son cinéma même si ça faisait longtemps (je crois que mon dernier était L'île aux chiens).
On a ici affaire à une histoire d'espionnage, se déroulant dans l'Égypte des années 50, avec aux commandes Benicio del Toro jouant un chef d'entreprise un peu véreux, mais très blasé, décidé à lancer son projet industriel le plus ambitieux après une énième tentative d'assassinat ratée.
Le film part pourtant sur de bonnes bases... Et les caméos de nombreux acteur-ices connu-es, jouant des rôles à contre-emploi, fait toujours sourire. Wes Anderson prend un malin plaisir à jongler entre l'inattendu et l'habituel : sa façon de cadrer et la composition minutieuse des décors dont il a fait sa marque de fabrique sont une fois de plus au rendez-vous.
Pour ma part, il s'agit vraiment de l'inanité des dialogues et la monotonie des interprétations qui m'a vraiment sorti de l'histoire... On est bien loin de l'action fracassante et inarrêtable de The Grand Budapest Hotel, par exemple.
Le film est construit comme une sorte de farandole de tableaux s'enchaînant rapidement, retraçant le périple du magnat Zsa-Zsa Korda en quête à la fois de capitaux pour financer son dernier projet industriel, mais aussi de rédemption pour tous les crimes dont on l'accuse.
Malheureusement, le rythme du film ne suit pas et a tendance à s'enliser dans de longues scènes qui deviennent vite pénibles. Il y a quelques fulgurances, qu'on devine comme étant les principales sources d'inspiration du réalisateur pour ce film. Mais l'ensemble donne un peu l'impression d'avoir dû meubler autour de cette poignée de scènes mémorables.
Des acteurs à l'écran, Michael Cera est probablement celui qui s'en tire le mieux, son personnage étant celui à qui est accordé le plus d'évolution et d'ampleur de jeu. Pour le reste, on en vient à se demander si les acteurs eux-mêmes n'étaient pas blasés par leurs rôles, qui m'ont souvent paru peu inspirés. Reste toute une galerie de personnages secondaires s'en donnant plus ou moins à cœur joie avec le peu de temps à l'écran dont ils disposent.
Il y a un propos intéressant dans ce film qui parle de la déchéance d'un homme autrefois réputé inarrêtable et qui doit maintenant composer avec la dure réalité de devoir passer le flambeau, et peut-être aussi du caractère illusoire de la gloire à laquelle Korda aspire par ses projets grandioses, qui ne sera pas sans rappeler certains milliardaires du monde bien réel.
Mais la réalisation soporifique ne jouera pas en faveur du film et on a vraiment l'impression de devoir s'accrocher de toutes ses forces pour conserver son attention devant cette histoire qui reste au demeurant relativement simple. Dommage....