Sur ce coup-là, je sens que les gens vont me prendre pour un crétin décérébré. Mais je l’affirme haut et fort : The Predator est un bon film, voire un très bon film. Son gros problème est qu’il date de 1988. Explication.
Pour ceux qui ne le savent pas, Shane Black interprétait Hawkins dans le chef d’œuvre originel, sortie en 1987. Il tient aujourd’hui les manettes de ce 5e opus comme s’il réalisait une suite naturelle au film de McTiernan. Malgré une trame qui s’inscrit dans notre monde contemporain tout en prenant en compte l’épisode de 1990, cette nouvelle version est complètement pensée comme une œuvre des années 80. L’écriture, les dialogues, les personnages, mais aussi le casting et la réalisation sont inscrits dans les canons de l’époque. Les répliques badass collent à des figures identifiables en deux plans grâce à une psychologie simple, efficace, mais tenue et cohérente. Les femmes sont fortes, les hommes, gentiment dingues, les enfants, notre avenir alors que les agents du gouvernement sont pire (et méchamment cools) que les chasseurs de prime xénomorphes du titre. Le rythme effréné empile les corps démembrés dans une joie et une bonne humeur sanguinolente qui permet au film de désamorcer sa propre violence.
The Predator est exactement le genre de VHS qu’on aurait loué au vidéoclub du coin sans prévenir papa et maman pour se rincer l’œil devant une œuvre décomplexée, généreuse et qui n’a jamais la prétention de faire mieux que son illustre modèle, tout en le citant avec amour et respect.
Je suis prêt à parier que ce petit bijou sera réhabilité dans quelques années, le temps pour lui de retourner dans le passé duquel il s’est assurément échappé
Info cool : Jake Busey interprète ici le personnage de Keyes, un scientifique étudiant les Predators, qui n'est autre que le fils de l'autre Keyes décédé à la fin de Predator 2... et interprété par Gary Busey, le véritable père de Jake.