Soyons direct dès le début – ça économisera du temps à ceux qui ne sont pas d’accord – ce film ne mérite pas toutes les éloges à son sujet et, plus encore, ce n’est pas la meilleure performance de Di Caprio qu’il m’ait été donné de voir (donc, perso, il n’aurait pas gagné l’Oscar).


Certes, les images sont très belles. Pour les amateurs de randonnées en forêt et les kayakistes en herbe, ce film donne clairement envie d’aller se frotter au nord canadien, avec ce qu’il faut d’équipements chauds pour ne pas y perdre un doigt ou une oreille. Il y a aussi pas mal de passages contemplatifs et mystiques, plus ou moins bien réussis, qui rendent une atmosphère un peu singulière à The Revenant. Certains aimeront, les autres s’endormiront.


L’histoire en elle-même aurait pu véhiculer de fortes émotions s’il n’y avait pas tant de passages capillotractés, si l’espace-temps n’avait pas été étrangement géré et si certaines incohérences ne venaient pas rendre une partie des scènes caduques. En effet, Glass reste trop longtemps dans l’eau pour survivre, et trop longtemps avec des plaies infectées pour conserver ses bras et ses jambes. Son combat contre l’ourse est trop long. A contrario, Henry se fait scalper super vite. Et puis, pourquoi les Arikara s’acharnent-ils autant sur Glass ? Ils recherchent une femme, tombent sur un homme manifestement seul et décident donc, au nom d’on ne sait quel délit de sale gueule, de lui larder les fesses de flèches. J’ai vu plus intelligent comme raisonnement.


Les personnages maintenant. Bien qu’on comprenne où Inarritu essaie de nous emmener, il n’en reste pas moins que ses personnages sont relativement creux. Leur histoire personnelle tient sur un post-it et on s’y attache finalement assez peu. Si j’ai été contente de revoir Bill Weasley, toute en innocence barbue et dénué d’autorité, son sort m’a laissé indifférente. Idem pour Fitzgerald (qui reste tout de même le trappeur le plus intéressant du tas), Bridger ou Glass. Oui, même le héros, on s’en fiche puisqu’on se doute bien qu’il va s’en sortir pour accomplir sa vengeance. De fait, on suit ses péripéties d’un œil distrait (l’autre s’étant déjà endormi). Par ailleurs, même si les Indiens ont cette classe naturelle indubitable, ils n’ont pas forcément le beau rôle et paraissent un peu bas du front par rapport à l’Homme blanc, civilisé et pataud.


Et si on devait parler de Glass lui-même, je dois vous avouer que je suis demeurée très hermétique à ce monsieur. J’ai trouvé que la relation qu’il avait avec son fils, métis, était assez bancale. Tour à tour rabaissant et sévère, peu tendre, on a surtout l’impression que Hawk le gêne plus qu’autre chose. Il me manquait cette connexion étroite entre les deux qui aurait rendu la vengeance de Glass plus réaliste. Pour le reste de son épopée, on dira ce qu’on voudra, mais ce n’est pas en grognant, en régurgitant du sang et en rampant dans les galets qu’on obtient le rôle du siècle. Je ne dirais pas que Di Caprio ne joue pas bien, car il n’y a pas grand-chose à juger à dire vrai. Il a quatre lignes de dialogue à tout casser, le reste, ce n’est qu’une suite de gargouillements et de râles souffreteux. Quelque chose me dit qu’on lui a filé l’Oscar parce que, quand même, depuis le temps, ça faisait tâche (Nicolas Cage en a eu avant lui, c’est dire).


Bref, une jolie fresque bien trop longuette et cousue de fils blancs, avec un Di Caprio plus invisible que M. Hardy.

Créée

le 19 mars 2017

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NicodemusLily

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