Egaré dans la vallée infernale, le héros s'appelle Leonardo DiCaprio

Alejandro Gonzales Iñarritu aime les défis. Après le saisissant et surprenant Birdman, on pensait que le réalisateur mexicain reviendrait à une mise en scène "classique". Que nenni ! Voilà que Iñarritu a pondu une fresque vengeresse filmée en lumière naturelle (pourquoi faire compliquer quand on peut faire simple) relatant l'histoire d'un trappeur laissé pour mort par ses compagnons. En vérité, je vous le dis, The Revenant n'est pas le long-métrage que j'attendais, certes le rendu est magnifique, mais le rythme m'a fait enfoncer les ongles dans mon fauteuil rouge.


Après 45 minutes totalement captivantes, v'là que notre ami Leo - alias Hugh Glass - blessé (euphémisme) par un ours, se fait à moitié enterrer vivant par le saligaud Fitzgerald (Tom Hardy) après que ce dernier - sous les yeux de Glass - fait la peau (rouge) au fils du trappeur. Enivré par une vendetta qui ferait passer le Comte de Monte-Cristo pour l'Abbé Pierre, Hugh Glass n'a plus qu'une volonté : faire un deuxième trou d'balle à Fitzgerald.


Passé ces instants, Leonardo DiCaprio rampe, boite, marche, dans les vastes plaines nord-américaines. Mais bien que les plans soient visuellement sublimes, le rythme de The Revenant s'essouffle. Certes, DiCaprio en chie des ronds de chapeau rien que pour tenir debout et faire du feu.. Sauf que ça dure près d'une heure et qu'à force, même si on apprécie la performance d'acteur (j'y reviendrai), c'est un peu lassant. Même si c'est un moyen ultra-habile de symboliser la renaissance du personnage. Procédé renforcé par l'usage constant de la contre-plongée pour filmer le Glass. Heureusement, l'errance de Glass est entrecoupé par la progression de Fitzgerald (qui selon-moi est le personnage le plus intéressant du film).


Sur le plan technique, The Revenant est un OVNI et par conséquent, un orgasme rétinien. Les paysages, les mouvements de caméra, la mise en scène ou encore les lumières y sont absolument et simplement incroyables. Des caractéristiques si parfaites qu'il n'y a, logiquement, pas grand chose à dire dessus.


Côté interprétation, c'est du lourd. Aucune surprise concernant Leonardo DiCaprio: il casse la baraque et rappelle qu'il est l'acteur le plus doué de sa génération. Mais mon coup de cœur va à Will Poulter (qui va très certainement tout exploser sur son passage à l'avenir) ex-aeqo avec Tom Hardy. Le britannique livre une performance exceptionnel et fait oublier son lamentable jeu d'acteur dans le très chiant Mad Max: Fury Road.


En fin de compte, le petit Léo de 41 ans n'a pas loupé son Oscar tout comme son réalisateur Alejandro Gonzales Iñarritu. Bien que le film soit, à certains moments, assez lent et ponctué d'une fin m'ayant un peu trop rappelé celle de Nevada Smith avec Steve McQueen, je suis sorti de la salle tout émoustillé. Véritable pari artistique, The Revenant est un film qui ose ! Tant sur le plan technique qu'artistique. Et ça, à une époque où presque tous les films se ressemblent, c'est plutôt chouette et audacieux. Et l'audace au cinéma, j'aime.

Martind_Aspe
7
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le 1 mars 2016

Critique lue 310 fois

Martin d'Aspe

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