J'ai vraiment bien aimé.

(Présence de spoilers)

On avait lu tellement de critiques magnifiques nous faisant nous attendre à une bombe atomique renversante, en disant que c'était le film représentatif des années 2000, et qui va loin, très loin... Ouais, en effet il y a de ça. Mais moins que ce à quoi je m'attendais. Du coup ben j'ai trouvé ça dommage.
Mais c'est quand même vraiment très bien!
Il est très représentatif de notre société actuelle, c'est un fait. Les grandes écoles prestigieuses sont montrées avec leurs dessous craignos, comme les bizutages intensifs pour entrer dans des confréries à la con (mais il a été gentil sur ce point Fincher, il a pas montré le pire), ou encore les soirées faites d'abus immenses (mais monde actuel spotted).
Le film montre aussi la folie du capitalisme, l'enjeu de l'argent, le plaisir de gravir des échelons, de régner, et même si pour ça on doit détruire des choses importantes comme l'amitié.
Le ridicule est très présent dans ce film également, entre la copine d'Eduardo qui met le feu chez lui parce qu'il ne s'est pas mis "en couple" sur FB, ou encore le créateur du site qui actualise toutes les 5 secondes la page de celle qu'il aime et de pour qui il a créé le FB.
Il s'attarde aussi évidemment sur ces génies, qui étant des génies peinent à s'intégrer dans le monde dans lequel ils vivent, étant complètement décalés, et la solitude que cela engendre. Mark est riche, intelligent, mais n'est définitivement pas heureux. Il est juste seul. En ceci Mark m'a fait pensé à CFK dans Citizen Kane. On retrouve d'ailleurs des similitudes dans leurs histoires (même si elles n'ont rien à voir)

Côté réalisation on a un montage excellent, on va de procès en procès en passant par le passé de manière brillante, dont on se délecte particulièrement. Néanmoins ce montage est parfois sur-découpé dans certains dialogues, ou scènes en général (comme quand Mark invente le facemash), il y a des plans que j'aurais voulu voir plus long, histoire de les intégrer vraiment, des fois ça fait un peu épileptique, c'est dommage. Mais bon c'est pas souvent, donc ça passe. Mis à part ceci c'est très bon, les plans sont souvent très bien réussis, et certaines scènes jouissent d'une photographie magnifique. Fincher s'est fait plaisir dans la scène de la course d'Aviron, mais je n'en ai pas vu grand intérêt. Bon évidemment elle symbolise le fait que les jumeaux restent des "numéro 2" et qu'ils leur manque juste une longueur d'avance, mais c'est juste l'immense trip de réalisation que s'est tapé Fincher dont je ne vois pas spécialement l'intérêt. Mais c'était joli.

Les acteurs sont tous excellent. J'attendais rien de Timberlake mais il m'a surpris en bien, comme les autres d'ailleurs. Nul doute qu'Eisenberg ira loin, son jeu est excellent.

Le talent de ce film c'est son écriture, autant dans la manière dont il montre cette histoire, mais aussi dans les dialogues, souvent très droles et percutant. Zuckerberg a une repartie monstrueuse dans ce film (en vrai j'en sais rien, sans doute). Il inspirera sans doute les jeunes qui chercheront à l'imiter parce qu'il a la classe (mais pas autant qu'un Tony Montana... Tant mieux d'ailleurs).

Et son talent, c'est aussi sa BO magistrale qui fait corps avec le film. On ne l'entend presque pas, elle se fond avec les images tout en les portant magnifiquement bien, ce qui est extrêmement rare.

Mais dans l'ensemble, je trouve que le film n'est pas assez percutant, il ne bouleverse en rien, il ne frappe pas son spectateur autrement que par le talent de Fincher (ce qui est déjà très bien en soi). Du coup le film ne me marquera pas spécialement je pense. Même s'il est très intéressant, et que c'est très bien mené, surtout pour un film qui est presque uniquement un long dialogue de 2h. D'ailleurs, ces 2h on ne les voit pas passer. J'ai été surpris en voyant que c'était la fin, je m'attendais à ce que ça continue, et que ça en montre encore, et peut-être à ce que ça monte en intensité. Car c'est ici un reproche personnel que je fais au film, ça manque de montée de intensité, ça monte bien sûr, mais on reste globalement sur une la même ligne, et c'est dommage. Bon honnêtement je vois pas comment Fincher aurait pu faire ça, mais voilà.

Je rajouterai aussi que le seul moment où j'ai joui c'est dans les premières minutes, quand j'ai entendu Ball And Biscuit des White Stripes. Ah ça putain, qu'est-ce que c'était orgasmique.

Mais c'est à voir, le détour en vaut définitivement la peine.
A présent il n'y a plus qu'à attendre le prochain Fincher, ce foutu remake de Millénium qui me fait peur.

Créée

le 15 oct. 2010

Critique lue 336 fois

9 j'aime

Critique lue 336 fois

9

D'autres avis sur The Social Network

The Social Network
Sergent_Pepper
9

Around the crowd in a day.

Alors que Fincher optait dans Zodiac pour la distance et l’atonie comme remède à l’hystérie souhaitée par un psychopathe, le sujet qu’il aborde dans The Social Network va impliquer un changement de...

le 28 déc. 2014

114 j'aime

5

The Social Network
Torpenn
5

Fincher et les malheurs du trou du cul...

Le héros de ce film est un trou du cul, ce n'est pas moi qui le dit mais sa copine qui le largue au début du film dans une scène très pénible qui a pour seul intérêt la confirmation du postulat sus...

le 1 nov. 2010

100 j'aime

338

Du même critique

Drive
GagReathle
8

You're driving me crazy

Lors de mon premier bout de chemin avec Drive, je n'avais pas été totalement satisfait du voyage. Malgré de sérieux arguments, il n'avait pas su me conduire au septième ciel. Pourtant, au départ,...

le 26 mars 2014

184 j'aime

35

Interstellar
GagReathle
8

Le vrai problème d'Interstellar.

J'ai lu bon nombre de critiques sur le dernier film de Christopher Nolan et j'ai pu ainsi constater que beaucoup de détracteurs s'appliquaient à chercher les moindres défauts du film, les moindres...

le 20 nov. 2014

132 j'aime

55

Fight Club
GagReathle
9

Il est temps d'enfreindre les deux premières règles

Objet d’un véritable culte, Fight Club a marqué les esprits de nombreux spectateurs et a su s’imposer en tant que film quasi-ultime auprès de toute une culture. Du moins, c’est ainsi que je l’ai...

le 27 août 2014

125 j'aime

24