Where is the flesh ?

C'est globalement sympathique.

La première moitié est vraiment super ; on nous présente le personnage principal, la situation familiale, son rapport à la maladie. C'est fait avec un certain détachement et c'est tant mieux parce que je craignais un drame misérabiliste (le sujet est facile pour ça). La deuxième moitié est moins efficace. Il reste de petits moments bien sympathiques, mais globalement on peut reprocher un manque de distance (ou un rapprochement émotionnelle poussif), un manque d'autodérision (ou ton devenu trop sérieusement dramatique) alors que jusque là, l'auteur osait rire de son sujet.

Le rire, c'est vraiment ce qu'il manque à la seconde partie ; prenons par exemple la scène du biberon, elle était idéale pour instaurer un malaise comique, ça reste drôle en l'état mais les pleurs et le travail scénique rendent le tout bien trop dramatique. L'intrigue amoureuse, si elle permet d'amener des conflits externes, distrait malheureusement du sujet principal (même si c'est fortement lié) ; disons qu'il aurait fallu la traiter plus secondairement, et peut-être s'intéresser davantage au côté clinique. Pour moi, le moment charnière où la baisse de qualité se fait vraiment remarquer, c'est lorsqu'ils vont à une expo : ce passage musical est un peu maladroit et embarrassant (comme je l'ai déjà dit précédemment dans une de mes 7000 critiques - je vous laisse chercher laquelle - c'est difficile de réaliser une bonne scène de danse).

La mise en scène est globalement réussie. Le budget semble adéquat au projet (au contraire de certaines productions Netflix trop gourmandes et dont le résultat visuel est forcément décevant) ; la photographie est plaisante, avec une belle lumière souvent naturelle. Le découpage est globalement réussi ; le montage comporte quelques longueurs, principalement dues au scénario qui patine de temps en temps. Le casting est très bon : tous les pensionnaires sont cool (on regrette même que les plus petits rôles ne puissent s'exprimer davantage) ; Keanu Reeves prouve qu'il est capable de jouer juste quand il ne fait pas le justicier dans des navets friqués. La musique fonctionne.

Bref, malgré les défauts de la deuxième partie (qui s'oublient grâce à quelques petites scènes bien foutues), le film se regarde globalement assez bien.

PS : quand je pense que j'ai chopé ce film à la base parce que j'avais cru qu'il s'agissait d'un film d'horreur ou un thriller angoissant... (sans doute parce qu'il est mentionné dans le pitch que le médecin est dit 'non conventionnel') (ceci dit, j'aurais pu mal lire et m'imaginer un drame autour d'un médecin non conventionné, mais ça aurait été une toute autre histoire, plus sociale celle là).