Les critiques concernant les films de Tom Cruise sont manifestement rédigées en direct d'un ehpad, tant leurs auteurs ont la dangereuse tendance à radoter. Car elles n'auront sans doute pas manqué de causer du côté démiurge de l'acteur, avec ses sales oeuvres à sa gloire en forme de gigantesque auto-promo de son ego, qui l'est tout autant.

Cela serait bien triste si cela n'était, finalement, aussi rigolo, puisqu'ils continuent, avant de cracher leur bile, à payer leur ticket et faire la fortune de l'objet de leur détestation. Il y aurait même à parier qu'ils ne seront pas assez dégoûtés de l'acteur pour copier/coller leur éternelle rengaine à l'occasion du nouveau Mission : Impossible, l'été prochain.

Laissons-les donc fêter LEUR cinéma dans leur coin et parlons plutôt de Top Gun : Maverick, voulez-vous ?

Mais pour dire quoi exactement ?

Pour se ravir des galipettes en gros n'avion ?

Mais encore heureux qu'il y a des folles acrobaties en avion. C'est d'abord pour cela que le spectateur a payé sa place, après tout. Et il faudra reconnaître qu'elles sont sacrément impressionnantes et spectaculaires. Tandis que l'action est des plus haletantes, que ce soit durant l'entraînement, puis à l'occasion de la mission proprement dite. Et si le climax pourra paraître trop gros pour être totalement réaliste, renouant avec l'incroyable poursuite en hélico de Fallout infusée dans un feeling Bondien, le suspens est constant et colle au fauteuil, comme si on encaissait les G derrière Maverick dans le cockpit. Le tout dans un sentiment de réalité et d'authenticité qui fait plaisir à voir... Et à ressentir.

Mais il ne s'agit là que du plus évident, et qui file pourtant, déjà, une sacrée banane à la sortie de la salle.

Car je ne m'attendais pas à ce que Tom Cruise, en plus de faire étalage de son ego, selon ses éternels détracteurs, veuille s'inscrire dans les pas de Clint Eastwood et de Sylvester Stallone. A seulement soixante ans.

Oui, oui, rien que ça.

Et si l'on pouvait légitimement redouter que ce retour à l'académie soit synonyme de surplace ou de redite de l'opus original, Top Gun : Maverick a mis à profit, pour son scénario, le temps qui passe inexorablement pour chacun d'entre nous.

Sauf que le film s'inscrit à la croisée d'une oeuvre comme Space Cowboys et de relance de l'héritage Rocky avec Creed. Et si Tom Cruise s'impose encore, en bout de course, comme le héros de l'histoire, il y est aussi question de transmission et de choc des générations.

Ainsi, à l'instar du fils d'Apollo, Top Gun : Maverick renaît en poussant sur le devant de la scène un autre enfant d'un personnage doré et tragique des années 80, d'autres relations filiales par procuration difficiles entre le maître et l'élève, une autre façon de ne pas faire son deuil, une autre forme de rancoeur.

D'une certaine inconséquence typique des années 80, Top Gun : Maverick penchera plus, aujourd'hui, vers une certaine idée de l'expérience mise à profit, tout en gardant le caractère turbulent et exubérant de son personnage principal rappelé in extremis.

Et si certains hurleront encore une fois au fan service encombrant, au contraire, Joseph Kosinski et ses scénaristes le mettent à profit pour donner un peu plus de chair et de fardeau à ses personnages, que ce soit avec le fantôme de Goose ou encore l'apparition d'un Val Kilmer touchant, en forme de triste augure.

Jetant un voile parfois étonnamment funèbre sur le film, d'autant plus que l'on ne peut s'empêcher de penser la figure de Tony Scott, attaché au projet, deux ans avant sa disparition tragique.

Et s'il y en aura encore pour dire que Maverick sublime l'insignifiant plaisir coupable de 1986, une telle image, en forme de dédain que je m'abstiendrai de commenter, fait fi tout simplement du terme de plaisir, dans toute son intensité. Et sur ce terrain, vingt-six après, Top Gun : Maverick vole à la même altitude que son aîné.

Behind_the_Mask, qui en a encore le casque tout secoué.

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le 15 juin 2022

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