L'(aban)don

Halala, Toy Story ne sera donc jamais que l'histoire d'un seul film. Je n'ai pas encore vu le 4ème opus, mais au vu de la dégringolade, je ne suis pas très enthousiaste.
Ceci dit, je suis tout de même partagé par ce volet.

D'un côté je me sens frustré car l'intrigue est hyper mal ficelée, à l'instar de cette introduction durant la quelle je me suis justement dit : j'espère que ça ne reflète pas le travail scénaristique du film, mais en fait si, ce qui me laisse dire que les auteurs ont fait tout et n'importe quoi comme le font des enfants qui jouent, en improvisant des bouts de scènes et en les rattachant maladroitement. L'intrigue regorge de moments faciles et d'incohérences, c'est pas possible d'être aussi incapable de trouver des résolutions satisfaisantes par rapport à des conflits ; c'est la débauche des dei ex machinae, ce film.

Sans parler des idées complètement idiotes qui sont passées (l'ours à la fraise à qui on donne un pouvoir qu'il n'a pas : ce sont les gosses les vrais tyrans, lui a juste élaboré des règles, mais de la souffrance il devait y en avoir, et c'est bien dommage d'avoir éclipsé ainsi le vrai ennemi) et d'autres qui sont vite expédiées (l'enfer dans la crèche, l'enfer dans la déchetterie, l'enfer quand on termine sa vie accroché à l'avant d'une voiture, ... tant d'idées géniales qui ne sont qu'effleurées alors qu'on touche là à quelque chose de dur mais d'important, qui permet de remettre en question la 'bonté' de nos chères têtes blondes).

D'un autre côté, j'ai trouvé quelques moments touchants (parfois gâchés par une ultime résolution pourrie), parce que les auteurs savent quand même un peu comment toucher la sensibilité du spectateur. Cela a mis du temps tout de même, le début est pour moi assez convenu et un peu ennuyant, mais passé la première moitié on trouve des choses sordides, glauques ou bien dramatiques, touchantes. Quelques notes d'humour font mouche aussi, mais elles sont rares (je crois que j'ai surtout ri grâce à Buzz - sa version hispanique) hélas.

Le plus râlant, c'est d'avoir un si bon sujet : faire un film de prison avec des jouets qui veulent s'évader. Sauf que la mise en place est longue, qu'ensuite il faut se taper une double intrigue et qu'une fois la réunion opérée, les héros échafaudent un plan qui ne souffre d'aucun imprévu, à part tout à la fin de manière plus qu'invraisemblable. Mais quel gâchis ! On imaginait tellement "La Grande Evasion" (pour ne citer que celui-là parmi tant d'autres) version Toy Story (et sans devoir passer par la même conclusion, parce que la transmission de jouet ou encore le côté 'trop vieux pour jouer', il me semble que ça a déjà été abordé dans les précédents films ? ou bien je me fourvoie complètement?).

Niveau mise en scène, j'ai moins à redire : c'est évidemment maîtrisé techniquement parlant. L'animation est fluide, les personnages ont un chouette design, les attitudes sont travaillées (la manière de courir de Woody est excellente). Bon, ça sent le réchauffé, on retrouve le catalogue habituel des expressions faciales, mais de temps en temps (rarement) un p'tit truc nouveau surgit. Les décors sont chouettes, les textures sont convaincantes (l'effet de chaleur à la fin donne à l'image un ton particulier ; le carton fait vraiment carton).

Le découpage est pertinent, parfois très efficaces, avec des mouvements de caméra bien pensés et en même temps dynamiques. Le montage est fluide, rythmé comme il faut (plus lent pour les passages dramatiques, plus rapide pour les passages comiques et l'action). Les voix collent bien aux personnages. Quelques idées sonores de temps en temps (mais on sent bien que c'est pas leur priorité créative). Et enfin une BO assez sympa à écouter.

Bref, ce troisième opus de la saga vaut pour quelques idées ici et là et une mise en scène globalement maîtrisée.