Béton armé
Pourquoi ? Pourquoi les films de S. Craig Zahler ne sont-ils pas distribués en France ? Pourquoi sont-ils systématiquement relégués à un direct-to-video, pourquoi n’ont-ils pas droit à une vraie...
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le 17 juin 2019
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Je le dis d'emblée : je n'ai pas vu Bone Tomahawk, ni section 99 mais ma lecture assidue de Mad Movies, et plus étonnant de Télérama voire des Inrockuptibles m'a conduit à découvrir S. Craig Zahler, abonné au DTV, ce qui rend forcément curieux.
Le premier constat est que c'est un réalisateur qui ne fait manifestement pas de concession, et c'est probablement la raison pour laquelle il n'a pas de sortie cinéma en France : il prend le temps de raconter, il prend le temps de la mise en scène, il prend le temps de magnifier ses acteurs par des choix de photographie et de lumière judicieux. Je ne sais pas pourquoi je m'attendais à un film de type hard-boiled mais non, il est quasiment contemplatif. Pas de concession non plus sur les explications surlignées par les dialogues : ce n'est pas un polar bavard, quand les personnages parlent, c'est avec une économie de mots et ils tous empreints d'ironie.
Zahler choisit des acteurs madrés, y compris pour des seconds rôles rapidement brossés (Johnson en capitaine de police fugace) voire éliminés (la présence météorique de Carpenter en est bluffante) pour qu'ils imprègnent la copie de leur présence, souvent magnétique. Je paraphrase une autre critique mais la scène du sandwich dégusté par Vaughn est captivante alors qu'il s'agit d'un événement anecdotique dans l'intrigue.
On peut critiquer de longues scènes peu dialoguées, en plan fixe (la scène d'intro, la poursuite languide en voiture) mais je trouve qu'elles contribuent à l'ambiance parfois cotonneuse de ce polar. Pour corroborer cela, il y a une énorme violence (les fusillades sont toutes retracées de façon exhaustive) avec un son des armes automatiques qui est comme étouffé, sec, mat...
Et la morale n'a aucune place dans ce métrage puisque plutôt que dénoncer les méfaits de la bande qui est montée au braquo, Gibson, puis Vaughn, décident de tenter de capter le butin, avec la ferme intention de défourailler et buter les braqueurs sans visage (ou si peu). Et l'otage dont la détention est relatée avec une crudité assez peu vue au cinéma n'est pas plus morale que les flics...il n'y a rien à sauver dans ce monde là.
Dragged across concrete sonne la charge d'un cinéma de genre renouvelé, qui sort de l'ornière des séries B et qui me réconcilie avec des acteurs majeurs, qui ont décidé de ne pas laisser la facilité l'emporter avec des choix audacieux.
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Créée
le 17 août 2019
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