Sa place est dans un Musset !
Daniel Gélin joue les utilités dans une troupe de seconde zone en tournée provinciale, un jour, il est témoin d'un meurtre dont la publicité le met enfin au devant de la scène et au mitan du lit de l'habilleuse, il fera tout ce qu'il faut pour y rester...
Le souci, c'est si ça le conduit à reconnaître Lino Ventura dans l'agresseur en question, il n'est pas commode le bougre, il décide de se venger et moi, franchement, si j'avais Lino qui me prévenait que dans trois jours il sera temps de m'envoyer une couronne mortuaire, je serai dans mes petits souliers...
Le monde du théâtre est ici plus factice que nature, un défilé de cabotins pompeux et pathétiques, la constante guerre des égos, les valises à faire et à refaire sans cesse, les bons mots d'Audiard suivent ceux de Musset dans un joyeux capharnaüm et tout ça ne pouvait décidément ne se terminer qu'au Havre, ça ne pardonne pas...
Avant d'être comédien, Lino Ventura était catcheur, son épouse racontait que lorsque Lino interprétait comme le veut la tradition le rôle du méchant, le spectacle s'inversait, le public s'y refusait, l'acclamait en lieu et place du gentil d'office et il était bien obligé de retourner la situation à son avantage s'il ne voulait pas voir cet innocent divertissement se transformer en émeute... Ca ne s'explique pas, c'est le charisme, la présence, les yeux aussi, Lino quoi...
Et bien le problème ici, c'est que c'est un peu la même chose, quand Lino veut punir le petit merdouilleux égocentrique qui lui a fait quand même une des plus ignobles vacheries du monde, moi, je n'y peux rien, en dépit du déroulement de l'histoire et des présupposés habituels je suis à fond pour Lino contre cette petite crevure, et pour le coup pas de pitié, une belle vengeance fraîche et joyeuse quelque chose d'implacable, il le mérite...
Alors, forcément, ça marche tout de suite moins bien...