Cela fait bien longtemps que je n'ai pas été saisi lors de mon entrée dans une salle de cinéma.
Je n'ai pas pu y aller Day One, pour voir Tron : Ares. Les obligations professionnelles étant ce qu'elles sont, ma séance s'est décalée le samedi suivant, avec la peur d'une salle pleine de gosses et de nostalgiques béats venus combler leur week-end morne.
Sauf que, hé bien... J'étais tout seul.
TOUT SEUL.
Saisi, qu'il était, le masqué. Et si cela n'était pas pour lui déplaire : au moins a-t-il pu en profiter sans être dérangé, il y a vraiment de quoi se poser des questions.
Ainsi, peut-être que la propagande anti-Disney, la même qui tombait sur Alien Earth à peine le premier épisode achevé, continuait de fonctionner à plein et de gangréner les esprits parfois faibles.
Peut-être aussi faut-il se rappeler que Tron n'a jamais été un mégahit à même de nourrir une franchise, la nostalgie des années quatre-vingts ou, de manière plus terre-à-terre, un tiroir-caisse de l'industrie hollywoodienne. Sur ce terrain, les failles temporelles entre chaque suite sont plus qu'éloquentes.
Car qu'est ce qu'était Tron à l'origine ? Une vision un peu naïve du développement informatique, ainsi qu'une fenêtre ouverte sur son futur, ses dérives et les peurs que le tout technologique pouvait susciter. Le tout enrobé dans une esthétique avant-gardiste atypique que nombre d'entre vous aura jugé aujourd'hui comme terriblement vieillotte.
Cet aspect anticipation ne pouvait à l'évidence survivre, la foudre ne frappe normalement jamais deux fois au même endroit, enfermant dès lors les suites de cette aventure dans un enrobage aussi clinquant qu'efficace.
Tron : L'Héritage s'habillait donc de noir et de toutes les nuances possibles de bleu pour se replonger dans The Grid à la recherche du père, sur une musique électronique à la mode signée du duo magique Daft Punk. Si ce n'était pas à la hauteur de l'original, et affligée d'une vallée de l'étrange bien dérangeante dès lors qu'il s'agissait de mettre Jeff Bridges en scène, cet Héritage se laissait néanmoins suivre et restait comme honorable, à défaut de cette étincelle qui aurait dû l'élever.
Je vais peut-être passer pour un hérétique, mais en 2025, Ares, ce n'est ni meilleur ni moins bon que L'Héritage. Délesté de presque tout de la famille Flynn, mais aucunement du nécessaire retour vers le passé en guise de gage, Ares troque le bleu froid pour le rouge sang de la guerre entre deux multinationales s'opposant sur le terrain de la haute technologie. A coup d'IA, de programmes échappant à leur créateur, d'imprimante 3D et de militarisation. Soit, déjà, des enjeux avec un léger goût d'hier en bouche.
Pour le reste, Ares, comme L'Héritage, assure le spectacle, niveau action, et son esthétique via sa rémanence, ses néons et ses géométries en mouvement constant. N'oublions pas la terriblement addictive musique de Nine Inch Nails. Et si l'absence de la famille Flynn retire un peu de coeur à l'entreprise, le fait que l'on s'intéresse plus au camp Dillinger renouvelle un petit peu le côté humain de Tron. Tout comme l'incarnation d'Ares, qui aurait pu soulever des questions passionnantes si elles n'avaient pas été simplifiées à l'extrême. Au point parfois de s'interroger sur ses inclinations tuning, Dépêche Mode ou psychologue de comptoir, comme un symbiote s'improvisait naguère thérapeute pour couple dans Venom.
Cette nouvelle escapade dans l'univers de Tron, plus ouverte cette fois-ci sur le monde réel, est plutôt efficace, même si l'originalité ne fait manifestement pas partie du programme. Coincé entre instants de pure cinétique et simplisme parfois maladroit, le masqué a décidé d'en garder les belles images qui déchirent la nuit des deux villes lumières traversées à la vitesse de l'éclair et sa tentative de cyber prophétie au curieux petit goût d'hier.
Loin, en tout cas, de ce que certains vous décrivent déjà comme un nouvel e-tron.
Behind_the_Mask, erreur système.