Parce que "Tron: l'écorce creuse" était facile.
Parce que "Tron, fétichiste du pied" était de mauvais goût.
Parce que Et Tron étron, petit pas très bon" était déjà pris.

Tron l'Héritage cristallise à peu près tout ce que le cinéma populaire mainstream américain peut avoir de pénible.
Du potentiel.
Des moyens (au moins visuels) quasi-illimités.
La possibilité d'embaucher de bons acteurs (le vivier est quand même important aux States non ?)

Ce cahier des charges préalable est loin d'être rempli, mais le plus grave n'est pas là. Comme d'habitude, l'impasse principale se situe au niveau du scénario.
Manque de talents (tous partis vers les séries) ? Frilosité des studios ? Dictat des pre-views ? Mélange de tout ça ?

Résultat: un plat tiède sans saveur.
Une espèce de Chili con Carne auquel on aurait retiré les épices (trop fort), la viande (manque de tracabilité) et un peu les fayots (trop typés).
Reste une bouillie insipide.

Tron, l'héritage, c'est ce genre de film qui commence très mal, finit à peine mieux, et en entre les deux c'est pas terrible.
Le héros, c'est là aussi une nouvelle mode, a le charisme d'une endive provenant de graines germées. Les enjeux sont inexistants, les rebondissements absents, les répercussions nébuleuses.

Témoin cette scène d'ouverture ou tout sonne faux: un mouvement de moto que seul un effet numérique permet (cette trajectoire !), une infraction improbable (entrer dans le building de la plus grosse multinationale du monde ? Hop, un code et une caméra en moins, et le tour est joué), un discours de président de conseil caricatural au possible (je présente et annonce la sortie immédiate la nouvelle OS à mes actionnaires qui ignoraient tout, leur annonce qu'on est entré en bourse au japon et avoue que l'OS en question n'a rien de neuf, le tout en... 3 minutes), une fuite grotesque (un seul gardien dans l'immeuble -normal pour le siège d'une société de cette taille- qui lâche son poste de surveillance pour grimper sur les toits. Ah merde, ça servait à rien de marcher sur la poutre à 300 mètres de haut: le héros avait son parachute).

Restent quelques scènes flashy et parfois esthétiques, une musique qui fait le job, et un générique de fin bienvenu.

Le Tron original n'ait déjà certes pas un chef-d'oeuvre, il faisait déjà un poil décalé avec la SF de son époque (même année que Blade Runner quand même) et avait presque gagné en sympathie avec le temps. Comme un vieux souvenir sympathique qui s'était enjolivé avec la fine couche de poussière qui le couvrait de plus en plus au fil des années qui passaient.

Fallait pas le dépoussiérer au numérique.
Une suite audacieuse eut été une sacrée bonne surprise.
Forcément, c'est encore raté.
Je sais pas pourquoi je continue à avoir un (de plus en plus léger) espoir envers ce genre d'entreprise.
Une part d'enfant qui s'accroche, sans doute.
guyness

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