Two Lovers
7.1
Two Lovers

Film de James Gray (2008)

Il y a des gens qui ont tout compris, et James Gray en fait assurément parti.


Plongeant Joaquin Phoenix dans la tourmente d'une rupture aussi profonde qu'insurmontable, James Gray pose sa caméra devant cet écorché vif qui ne se relèverait pas si un ultime coup de poignard au coeur venait à sonner le glas. Cette possibilité sera pourtant envisageable dès lors qu'un triangle amoureux qui s'ignore se formera, avec Gwyneth Paltrow et Vinessa Shaw.
Une tentative de suicide, c'est déjà beaucoup dira-t-on. Alors quand on apprend que Two Lovers s'ouvre sur la seconde, on comprend que toute la puissance du personnage vient autant de sa déchirure que de son ambiguïté.


Parce que oui, l'amour, ça fait mal. Surtout quand il se termine. Et ça, James Gray, réalisateur du brillant La Nuit nous appartient, nous le rappelle à travers la prestation bouleversante de fragilité d'un Joaquin Phoenix qui n'avait plus été aussi bien dirigé depuis Ridley Scott et son Gladiator.


Ce qui frappe en premier lieu dans la mise en scène est l'ambiance crépusculaire propre au cinéma de Gray. La Nuit nous appartient et Two Lovers ont beau être deux films totalement différents, on ne peut pas ne pas reconnaître la patte du cinéaste new-yorkais, d'autant qu'instiller un côté sombre à cette histoire d'amour sur fond de crise de soi permet à la forme d'épouser à merveille le fond. Ce n'est pas un film d'amour noir, c'est un film noir d'amour, la nuance fait à la fois la force et en même temps l'originalité du métrage.


D'un script relativement modeste (rajoutez trois lignes à mon synopsis du second paragraphe et vous aurez le résumé complet du scénario), Gray arrive à nous tenir en haleine deux heures durant, sans que rien ne soit à jeter. Certaines scènes sont poignantes, d'autres électrisantes, et la photographie sublime l'ensemble. Deux heures durant lesquelles un chef-d'oeuvre se construit sous nos yeux.


Si la prestation de Joaquin Phoenix est profondément émouvante, les femmes sont ici également à l'honneur, chaque rôle semblant avoir été taillé dans le marbre, de Michelle aussi paumée que Leonard à la mère de ce dernier (Isabella Rossellini). C'est entre chacune de ces femmes que Leonard aura à naviguer, oscillant entre passion et raison.


On récapitule : bouleversant, profond, puissant, émouvant, électrisant.


Il y a des cinéastes qui ont tout compris au cinéma, je pense néanmoins que James Gray a surtout tout compris à la vie.

Créée

le 20 mai 2012

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9 j'aime

Kelemvor

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