La frustration que cet éphémère n'ait pas eu lieu plus longtemps

[Mouchoir #46]


Un sentiment de frustration persiste après le film de Timon Koulmasis. Une bonne frustration cependant, de celles qui nous habitent, qui nous poussent à penser, à aller de l'avant, embêté d'un poids nouveau, ou juste réactualisé. Car la vie d'Ulrike Marie Meinhof est une frusration pour les espérances d'une partie de la gauche radicale, une tragédie trop vite survenue, un combat trop court, intense trop vite ; tué dans l'oeuf. Le film de Koulmasis possède certaines similitudes : format trop rapide, une fin comme coupée avant l'heure et un récit intense cela va sans dire, prometteur, mais comme incomplet si l'on regarde le portrait qu'il dresse.


Ce n'est pas seulement que le cinéaste respecte le cahier des charges de la chaîne la Sept et sa durée programmationnelle d'1h, mais plutôt que le rythme de ce montage et ce tandem intimité/Histoire allemande qu'il n'alterne pas toujours comment on pourrait s'y attendre font que l'on reste sur notre faim, qu'on aurait voulu en savoir encore plus, qu'il y avait d'autres choses à dire et à inventer. Peut-être pas justement. Pris à revers. S'il y avait un sentiment exact à avoir sur Ulrike et sa vie, ç'aurait peut-être été celui-ci, la frustration que cet éphémère n'ait pas eu lieu plus longtemps. Sûrement Timon en a trouvé ici la forme à partager.


« Il reste le souvenir d'une femme hors du commun et la douleur
persistante qu'une grand idée n'ait pu être réalisée. Il reste l'image
d'un être humain dont on aurait espéré qu'il réussisse à réaliser
quelque chose d'exemplaire. Il reste le chagrin qu'elle ait échoué. »


6,5.

SPilgrim
7
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le 2 juin 2023

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