Analyse #32

Le tout premier film de Vinterberg, réalisateur de Festen et de la Chasse, a beaucoup plus en commun avec son dernier, Drunk/Another Round. Pas provocant du tout, mais abordant une question existentialiste avec un ton doux-amer: que faire de ses dernier jours de vie lorsqu'on se sait condamné ? Pour un premier film, il est empreint d'une maturité surprenante, ne dramatisant jamais à outrance la situation du protagoniste, qui ne laisse que très peu transparaître sa douleur, à l'exception d'une scène déchirante durant laquelle il apprend qu'il allait devenir oncle, si seulement il pouvait vivre plus longtemps. Il enchaîne les folies, volant son patron, se payant un hôtel de luxe, courant en face d'une voiture en marche, organisant une soirée arrosée avec ses amis, nageant dans l'eau froide du port au matin. Ces actions en elle-même nous suggèrent qu'il vit comme si son temps était compté. C'est pourquoi je regrette beaucoup que son cancer ait été explicité par le dialogue vers le début du film. Il aurait été tellement plus intéressant de ne pas savoir qu'il était condamné, mais de le voir par sa simple façon de vivre. Néanmoins, certaines scènes sont empreintes d'une poésie touchante sur la question du temps à vivre, notamment cette scène au bord de l'eau où il tente de mesurer la durée d'une minute: voir ces personnages attendre en silence nous fais réaliser, tout comme lui, qu'une simple minute peut paraître très longue. Si il nous en reste seulement quelques unes à vivre, ce n'est peut-être pas si mal finalement.