Autant les gialli d'Umberto Lenzi sont un peu mous à mon goût, autant ce réalisateur a eu la main plus heureuse dans le poliziottesco. Après le plutôt pas mal "Milano odia: la polizia non può sparare", le réalisateur retrouve Henry Silva. Cette fois, l'acteur n'incarne pas un commissaire impassible... mais un père éploré par la mort de petite fille, sauvagement assassinée par des braqueurs !
Un rôle pratiquement à contre-emploi pour Silva, habitué à jouer les crapules, ou à la rigueur les héros expéditifs. Mais le comédien s'en tire bien, avec un scénario qui pourtant mise pas mal sur le dramatique. On le verra dans sa douleur, ses doutes, et son couple brisé avec l'ex-Bond girl Luciana Paluzzi. Et face à un policier dépassé mais compréhensif, incarné par Raymond Pellegrin (dont on n'entendra malheureusement pas la célèbre voix caverneuse dans la version italienne...).
Certains ont comparé le film à la saga "Death Wish" avec Charles Bronson, pourtant on en est très loin en termes du nuances. Umberto Lenzi a d'ailleurs indiqué qu'il s'agissait plutôt d'une réponse à "Il cittadino si ribella" de Castellari, sorti l'année précédente.
Oui, on retrouve la ville gangrénée par le crime. Voleurs et braqueurs en tous genres, assassins, crimes impunis, attentats... La police est impuissante, la presse ne peut que constater.
Mais on n'arrive pas du tout au schéma du héros qui prend les chose en main et flingue les criminels sans sourciller. Notre protagoniste passera par des questionnements. Faut-il faire confiance à la police, incompétente ? A ses propres moyens, très risqués ? A une organisation fasciste anti-crime, qui ne vaut pas beaucoup mieux que ceux qu'elle combat ? Faut-il laisser tomber et faire son deuil ?
Le tout porté au niveau social et politique, jusqu'à un final amer qui est à des années lumières de ce que pouvaient proposer les films américaines d'auto-justice.
Tout ne tient cependant pas du registre dramatique. "L'uomo della strada fa giustizia" nous gratifie de quelques fusillades et poursuites (dont une en voiture), typique du poliziottesco. Ce n'est pas aussi virevoltant que la crème du genre, mais le rythme reste soutenu. Et le fond social apporte une profondeur bienvenue.