Un héros trop discret

Je trouve ça curieux qu'on ne cite que rarement ce film quand on parle d'Audiard, c'est un pourtant un film très riche et vachement intéressant.
Déjà, l'histoire complétement folle de cet homme frustré de ne pas être un héros, de ne pas faire parti du monde la résistance est assez passionnante mais alors la scénarisation de cette histoire et la mise en scène sont encore plus formidables.
Le scénario surtout est richissime, on a 4 instances de narrations :

• L'histoire classique avec Kassovitz, qui montre la vie d'Albert Dehousse de manière classique.


• Trintignant, donc Dehousse vieux, qui nous parle en s'adressant directement à nous, avec des regards caméras.


• Les documents d'archives, avec les journaux télévisés.


• Et le plus intéressant peut être, une partie documentaire, dans laquelle Audiard va à la rencontre des personnages du film dans la vraie vie.

Ce mélange des 4 instances est, je trouve, magnifiquement orchestré et très original. C'est une façon innovante et plutôt inattendue de réaliser un biopic, les instances se chevauchent parfois, on a la voix de Trintignant sur des images de Kassovitz, etc, le tout est très fluide et passe très bien.

Je trouve le film aussi très intéressant pour ces rôles secondaires, tous très bien interprétés et marquants. Surtout Dupontel qui a ce côté insaisissable qu'il joue tout à fait bien.
Le sujet de film est aussi remarquablement original, parler de la résistance, qu'on représente habituellement de manière noble, en faisant le portrait d'un imposteur c'est tout simplement renversant.

Après je regrette l'imperfection de certaines scènes, certaines choses qu'on ne comprend pas très bien et le ton du début avec Kassovitz enfant, même si c'est assez court, ça m'a un peu sorti du film, quand on voit le père à la place du table par exemple, une vraie faute de goûts, et en rupture avec le ton du reste du film en plus.

Un film que j'ai beaucoup apprécié surtout en raison de ce scénario aux multiples strates qui m'a époustouflé.