Retrouvailles musclées entre Guy Ritchie et Jason Statham, 16 ans après le mitigé Revolver. Second remake aussi pour le réalisateur britannique, qui avait mis en scène celui de Vers un destin insolite sur les flots bleus de l'été pour sa femme en 2003 (et que l'on s'est tous forcé d'oublier). Avec malice, c'est à l'excellent Convoyeur de Nicolas Boukhrief de subir un lifting à l'américaine. Et là où on pouvait s'attendre à un copié-collé avec plus de moyens, qu'elle n'est pas la surprise de redécouvrir une fois encore un Guy Ritchie inspiré, décapant, plus sobre aussi dans ses méthodes, qui délivre une refonte aussi bourrine que subtile.


Le script des auteurs de The Gentlemen refaçonne celui de Boukhrief et Éric Besnard, modifie des éléments, bouleverse l'ordre chronologique et le rôle de certains personnages (adieu la prévisibilité pour ceux qui ont vu le film original), proposant aussi bien un thriller explosif rondement bien mené qu'un polar hard boiled glaçant par moments, efficace de bout en bout et incroyablement maîtrisé. Car on parle bien de maîtrise ici : mise en scène intelligente et intelligible, montage ciselé, direction d'acteurs aux petits oignons (excepté pour ce tâcheron de Scott Eastwood, ingérable en matière de cabotinage exaspérant), séquences d'action puissantes et sans concessions... Ritchie ne sombre pas (totalement) dans la gaudriole U.S. boursoufflée et inconsistance, loin de là.


Appuyée par la tétanisante musique de Chris Benstead, cette classique histoire de vengeance s'avère certes moins bien menée que dans le film de Boukhrief (qui assurait un suspense soutenu et proposait à Dupontel un rôle à contre-emploi ici galvaudé par la simple présence de l'ex-Transporteur) mais parvient à demeurer tangible, efficiente et hypnotisante, le savoir-faire du réalisateur anglais affermissant un rendu dense, classe et intense, presque cryptique. Ne vous attendez donc pas à un autre Les Trois prochains jours ou un Statham Movie décérébré, pas de kung-fu ici ni de concours de punchlines, juste un polar violent, violent, violent.

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le 13 mai 2021

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