De l'art de ne pas jouer
J'ai vraiment pas envie de noter ce film. Étonnant comme ressenti me direz-vous ? Et pourtant il y a des œuvres qu'on ne voudrait sous aucun prétexte noter sous peine de devoir se justifier...
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Pas étonnant qu'Un homme et une femme ait marqué la fin des années 60 car Claude Lelouch a fait une proposition de cinéma inédite pour l'époque. Son talent a consisté à inclure une musique raccord avec l'esprit de ses scènes (comme la chanson qui raconte qu'une femme n'est pas prête à aimer car elle en a un autre en tête), à amener une narration déjà particulière qui fuit le linéaire et où le monologue est consistant. La rencontre de ces deux veufs touche aussi par ce qu'elle ne montre pas directement à savoir qu'Anne, la femme réfléchie travaillant dans le milieu du cinéma, est séduite par Jean-Louis, pilote de course instinctif et spontané. Un genre d'attraction des contraires qui rentre en résonance avec son passé à elle qui la bouleverse au plus mauvais moment. C'est le moment clé du film par rapport à une audience qui n'a retenu que le "chabadabada" de la musique de Francis Lai quand la voiture de course de Trintignant fait des appels de phare à Anouk Aimée sur la plage de Deauville. La mémoire collective ne retient pas forcément l'essentiel quand le doute de se jeter dans une relation amoureuse est la touche qui tranche avec une génération qui ne veut plus d'entraves quelques temps avant Mai 68.
Au delà du contenu, le spectateur retrouve déjà des fondamentaux du cinéma de Claude Lelouch à savoir filmer des scènes bavardes où des plans très contemplatifs ou encore la mise en abyme des métiers du cinéma avec l'histoire qui se joue. L' alternance de scènes sépia et couleur resitue le film entre une idée de la modernité et son époque, ce qui le stylise un peu plus. Au final, un homme et une femme vaut plus pour la manière de faire du cinéma que par son histoire ( c'est la façon de la raconter qui fait toute la différence). Pour son époque, il a été précurseur d'une manière de filmer moins traditionnelle et instinctive. Sa reconnaissance internationale et unanime (pas moins de 39 récompenses) a peut être été aussi un frein pour Lelouch auquel la critique n'a plus fait de cadeau tout au long de sa carrière. Un succès aussi précoce n'étant vraiment pas tolérable et justifié.
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le 19 févr. 2017
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