Clint Eastwood, c'est comme le bon vin : il se bonifie avec le temps. Ici, vingt ans après ses débuts en réalisation, il commence a posséder une grande maîtrise dans les comédies dramatiques. La morale est omniprésente dans ses films : la figure du père, l'ambivalance entre le bien et le mal, qu'il a incarné de manière si manichéenne dans l'Inspecteur Harry, et qu'il revisite de façon bien plus fine et subtile dans ses réalisations. Bon, il y a bien des restes dans le film, avec le compagnon de cavale de Costner qui incarne le méchant sans nuance justifiant à fond l'idéologie de la peine de mort, mais Eastwood a la bonne idée de se débarasser très vite de ce non-personnage pour s'intéresser à la relation entre Kevin Costner et l'enfant enlevé par celui-ci. Il le fait avec grande application, en arrivant à des scènes touchantes et des dialogues percutants et il parvient à sublimer des acteurs qui ont des performances somme toute médiocre. A part peut-être Eastwood lui-même, qui prend toujours plaisir (et c'est tout à son honneur) à se donner des rôles où il se moque de lui-même et de l'autorité qu'il personnifie. Un bon film d'un très bon réalisateur.