Un silence
5.8
Un silence

Film de Joachim Lafosse (2023)

La pédocriminalité et le non-dit

Un film que je trouve plutôt bien construit, notamment autour de la notion de silence, où nous sommes nous-même perdus dans ces relations et ces secrets cachés.

Le sujet de la pédocriminalité me semble de plus en plus médiatisé en ce moment, en particulier au cinéma. Tout comme les films "Le Consentement" ou "Noémie dit oui", on se permettra quelques scènes assez dégoutantes, ici ce sont "seulement" des enregistrements sonores d'actes pédocriminels qui pourront déstabiliser. Chacun de ces films aborde le sujet d'une certaine manière, mais ici, on l'aborde au sein même du noyau familial, l'endroit le plus propice à la pédocriminalité, et c'est important de mettre ce type de contexte en avant. On mettra en avant la manière dont on peut minimiser ce type d'acte, pour essayer de rationaliser et de justifier le dit-silence. On nous y montrera aussi la médiatisation malsaine de ce type d'affaire qui déshumanise ses sujets (peut-être de manière un peu caricaturale).

Certaines scènes sont assez étonnantes dans leur ton, notamment quand le personnage, joué par Daniel Auteuil, va réveiller les journalistes de nuit pour faire une annonce, de manière totalement nonchalante, c'en est presque drôle, et donc déplacé.

Niveau casting, il y a surtout Emmanuelle Devos, jouant l'épouse, qui semble se démarquer je trouve, avec son rôle ambigu au sein de l'affaire, mais de bonne foi (ainsi que ses fameux longs gros plans en voiture). Et la révélation Matthieu Galoux, jouant le fils adoptif, est à citer, il me rappelle un peu la prestation de Paul Kircher dans "Le Lycéen", dans cet adolescent tourmenté et perdu.

Bref, même si je pense que le parti pris est globalement pertinent, de jouer sur le silence de ces problématiques-là, en y incluant le spectateur, cela semble aussi se retourner contre le film lui-même, qui finalement semble manquer d'intensité au bout du compte. Mais je pense que d'avoir terminé comme cela me parait suffisamment pertinent et justifié. L'évolution de la compréhension et de l'ambiguïté des relations est vraiment intéressante, je trouve, on pourrait regretter une absence de "sensationnalisme", mais la démarche me semble pertinente, et évite cet écueil qui aurait probablement été malvenu.

(Vu le 13 janvier 2024 au cinéma)

Tiflorg
6
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le 17 janv. 2024

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Tiflorg

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