Under the Skin par Diionysos

Under the Skin...

Je viens de le voir une troisième fois (et il repasse en fond musical une 4ème fois le temps que j'écrive ma critique) et je suis toujours envoûté par ce film. Mais ce n'est pas un film facile à appréhender et encore moins à critiquer. J'aimerais vous le présenter sans enlever l'intérêt de la découverte. Mais j'aimerais aussi le décortiquer et en tirer son essence.

Le cinéma est un langage, comme tout les moyens d'expressions et comme tout les arts. C'est un langage car il repose sur des codes qui signifient des choses, des dialogues qui sont également codifiés. Bien sur le langage diffère selon le film qu'on regarde. Un blockbuster, un film africain, un film de Tarantino et un film expérimental n'ont pas les mêmes codes.
Si vous n'êtes pas habitués aux films expérimentaux Under the Skin vous présentera surement un langage que vous ne comprendrez pas et que vous repousserez car, comme je l'ai dit plus haut, ce n'est pas un film facile d'accès. Il a son propre langage et il fait assez (trop ?) confiance à son lecteur pour ne pas lui expliquer son film et son code. Au revoir empathie pour les personnages, au revoir dialogues explicatif, au revoir identité claire, etc...

La première étape avant de voir un film comme celui là est d'accepter de ne pas tout comprendre et de se laisser glisser dedans. Si vous arrivez à vous glisser le film sera une expérience inoubliable, sinon vous risquez de passer un peu moins de deux heures à vous morfondre ou à ronfler. En tout cas je ne peux que vous poussez à regarder ce film sans même lire la suite de la critique.

Le pitch du film tiens en une phrase et ne gêne en rien le film. Il s'agit d'une alien qui débarque sur Terre et séduit des hommes pour... je sais pas trop quoi leur faire.
C'est un pitch déjà entendu 100 fois et l'intérêt du film ne réside pas là. L'intérêt est dans la réalisation, le fond et Scarlett Johansson.

La réalisation, tout d'abord, elle oscille entre film ultra réaliste filmé avec une caméra caché créée spécialement pour le film et esthétique ultra moderne et léchée.
La caméra cachée permet de situer tout le monde au niveau. Scarlett Johansson, les acteurs amateurs et tout les gens filmés à leur insu dans les rues de Glasgow (il me semble). Scarlett improvise et passe au milieu de tout les passants sans se faire reconnaître. Elle les regarde et découvre la vie terrestre citadine de la même manière qu'elle découvre la fourmis.
Le coté esthétique joue plus sur les symboles et les sentiments, te montrant un univers dépouillé de tout ce qui est inutile.
La plus grande trouvaille du film est le mélange de ces deux univers diamétralement opposé qui donne une dimension nouvelle à ce film que je n'avais encore jamais vu dans aucun des films.

Ensuite Scarlett.
Découverte avec Lost in Translation par le public, elle a réussie à se faire une place, en une dizaine d'année, au top des actrices les plus "bankable", véritable symbole sexuel qui fait baver un homme en claquant des doigts. Star inatteignable, elle a une carrière qui comporte autant de blockbuster (Avengers dans les derniers) que de navets (The Island, The Spirit...) que de films considérés comme bons par une majorité (Lost in Translation, les Woody Allen...).
C'est une actrice étrange et assez insaisissable mais dont on peux déjà dessiner une évolution. Pus le temps passe, plus elle est considérée comme une femme à la plastique superbe, moins elle joue sur cette dite plastique. Fini la période La Jeune Fille à la perle ou Match Point où elle montre un côté plastique et lointaine. Maintenant elle essaye de jouer de manière plus naturelle.

Du coup beaucoup de questions arrivent avec le visionnage de ce film où elle joue un personnage distant, froid et qui met bien en avant sa plastique. Un retour en arrière dans sa carrière ? Du tout, c'est au contraire une grande avancée que de pouvoir jouer avec autant de distance avec son côté séductrice tout en jouant la personne naturelle quand elle parle aux gens.

Autre question que je me suis posé avant même le visionnage. Scarlett Johansson joue nue ? C'est risqué pour une actrice qui joue autant sur le côté sensuel dans la plupart de ses films. Et c'est marrant car ce film risque de décevoir les gens venus pour son corps. Elle est froide, distante et, d'une certaine manière, asexuée et séductrice.

Scarlett Johansson était faite pour ce film et elle embrase chaque minute de sa présence mais le film est plus que ça. Il ne peux pas se limiter à une esthétique et une actrice douée. Comme son actrice ce film arrive à avoir une plastique incroyable et un vrai fond à rechercher, digérer et apprécier. Il parle de l'être humain, de cette fourmis qui bouge sans cesse sans vraiment savoir où elle va, ni même savoir qu'elle est observée et aimée. Le film parle de l'être, de sa vie en société et plus encore de la solitude. Il parle également du regard des autres, du sentiment d'être différent et du besoin de s'affirmer.

Peut être est-il tout simplement assez expérimental pour que chacun puisse voir un thème différent. Mais, personnellement, j'ai vraiment l'impression que c'est un des rares films à toucher du doigt un sujet sur l'être humain qui nous dépasse et qui nous concerne.

Je m'excuse auprès de ceux qui ont lus la critique jusqu'au bout, j'ai le sentiment de m'être égaré et de vous avoir égarés aussi.