C'est fou ce qu'on peut lire comme inepties dans la presse, j'en conviens c'est une introduction un peu pédante, mais j'ai dû mal à voir en quoi cet étron est une " innovation majeure du cinéma qui n'a jamais été proposée auparavant "
Parce qu'à mon sens, Under The Skin tape un peu dans tous les râteliers pour tenter de se construire une identité sans la moindre forme ni fond à proposer, sous couvert d'élaborer une expérience sensorielle, le récit se perd dans un mélange d'amateurisme déguisé, englobé dans un montage facétieux à son insu.

Dès l'ouverture le malaise se fait ressentir, pas celui qu'il est censé instaurer mais cette constance qui ne quittera pas le récit, cette séquence d'introduction qui veut se la jouer Kubrick version 2001 l'Odyssée de l'espace est une infâme vitrine de ce qui va suivre. A mi chemin entre du Refn, du Lynch et du Tarkovski, Jonathan Glazer donne l'impression d'avoir ingurgité durant des semaines de grands classiques pour nous les recracher ensuite à la figure avec une maladresse déconcertante et un prodigieux mauvais goût. Ainsi le réalisateur remplace le mutisme et les poings de Gosling par le rouge à lèvre et la nudité de Scarlett Johansson, exit la caméra à l'épaule et place à la GoPro pour un enchainement des scène répétitives plus proches d'un téléfilm érotique sur M6 que le tableau expérimental et viscéral qu'il avait la prétention de dessiner.

On peut lui accorder une chose, il pourra désormais servir d'exemple dans écoles de cinéma pour montrer les frontières et nuances entre hommage et plagiat, entre clin d'oeil et style artificiel, Under The Skin n'a absolument rien sous le ventre. Entre un angle indécis qui fausse toute la construction du récit et ne lui donne pas une consistance nécessaire pour appréhender les scènes dites choquantes, une Johansson qui cabotine et une écriture minimaliste, on touche le fond à de nombreuses reprises et on en viendrait presque à envier le sort des victimes de notre extraterrestre qui se trouvent enfin délivrer de cet énorme merdier. Un film qui ne buzz que par l'accroche " Scarlett Johansson mise à nue " et qui ne mérite qu'une chose, rejoindre l’anonymat au sein duquel il n'aurait jamais dû sortir.

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