Voici un film sans aucun intérêt (- « Même pas Scarlett Johansson nue ? ». – « Non, même pas Scarlett Johansson nue ». Et pourtant, dieu sait si je l’aime, Scarlett), parfaitement ennuyeux et creux, faussement expérimental et d’une laideur plastique rarement égalée. Laideur formelle en accord avec le « fond » du film, cela dit, vu que l’humanité vue à travers les yeux de Scarlett l’alien et, de fait, à travers ceux du réalisateur, est uniformément moche, grise, triste à pleurer (à l’image du Glasgow, et même de l’Ecosse, mis en scène ici), même quand un soupçon d’humanité, comme on dit, vient à surgir ici ou là. Le tout sous couvert d’œuvre d’art et essai se voulant légèrement innovante, voire hypnotique et envoûtante. Ça m’a rappelé un film tout aussi arty, poseur, prétentieux, tout aussi bêtement expérimental, devant lequel la critique unanime s’était pâmée de même en son temps, un film signé Philippe Grandrieux intitulé Sombre. La seule sensation palpable étant in fine ce mortel ennui, qui ne fait que s’accentuer à mesure que le film avance. Sans compter qu’ici, la redondance inutile de nombreuses scènes n’arrange pas les choses.

Heureusement que Scarlett est constamment présente à l’écran, ça aide à faire passer le temps (en tout cas, moi, ça m’a diablement aidé). De fait, la seule chose intéressante à retirer de ce film, c’est le fait qu’elle ait choisi de le faire. Ça participe de son envie de toucher à tous les cinémas, d’expérimenter, d’innover. Elle, au moins, y arrive à peu près.

Quand on me parle cinéma expérimental, ou expérience cinématographique, je réponds volontiers Jean-Luc Godard. Lui, au moins, ne se prend pas au sérieux, et continue de jouer avec les codes, la matière, les techniques, la technologie… tout en procurant des sensations purement cinématographiques. Ludiques et amusantes, parfois éprouvantes voire légèrement dérangeantes, intelligentes, toujours, mais jamais ennuyeuses et creuses.

Au-delà de Philippe Grandrieux (je ne sais même pas s’il le connaît ou non), Jonathan Glazer essaye visiblement de marcher dans les traces de Stanley Kubrick et d’Andreï Tarkovski, avec des crochets parfois vaguement lynchiens, peut-être, mais ça n’a ni la virtuosité du premier (que je n’aime pas plus que ça, soit dit en passant), ni l’effet hypnotique du second (qui frise parfois le soporifique, lui aussi), ni la force et le côté décalé du troisième (Lynch reste assurément mon préféré des trois). Peu de chances que je lui laisse une seconde chance.
CharlieBrown
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le 30 juin 2014

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CharlieBrown

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