Avec Une Bataille Après l'Autre, Paul Thomas Anderson ne signe pas juste un manifeste politique mais aussi un chaos sensoriel. L'Amérique qu'il filme est une uchronie saturée, coupée en deux camps irréconciliables, où chaque personnage agit comme une force brute plus que comme un être réfléchi.
Le film carbure à une musique omniprésente, presque assourdissante, qui impose un rythme effréné: trois heures avalées comme une rafale, sans répit.
Leonardo DiCaprio incarne un père perpétuellement en quête : un ami résistant, une arme, une planque, un code, sa fille. Cette fuite en avant structure tout le récit et donne à son personnage une intensité fébrile, comme s'il courait après un monde qui s'effondre sous ses pas. Face à lui, Sean Penn compose un antagoniste extravagant, mélange entre un méchant de comic book et Terminator, grotesque et terrifiant à la fois. Mais c'est Chase Infiniti qui surprend le plus: magnétique, elle s'impose sans efforts aux côtés des deux monstres sacrés. Ce trio porte tout le film, éclipsant des seconds rôles trop esquissés pour vraiment compter.
Ce n'est pas la clarté du propos qui retient, mais la densité: un spectacle saturé, contradictoire, vibrant, où l'excès devient une forme de vérité. Une œuvre baroque et furieuse qui, fidèle à PTA, ne laisse personne indifférent.