Une bataille après l'autre par Matpalala

Je suis sorti d’Une bataille après l’autre assez partagé, au point de ne pas savoir si j’ai vraiment aimé ou pas.

J’ai dû aller voir quelques vidéos et commentaires pour mettre de l’ordre dans mes idées et essayer de poser une première critique.

Le début m’a franchement refroidi : Perfidia est insupportable, vulgaire, excitée uniquement par la domination que la révolution lui procure, et Sean Penn en rajoute une couche dans le même registre.

Leur duo est plus grotesque qu’autre chose, et ça donne des scènes qui frisent le ridicule.

Notamment la course-poursuite du début totalement absurde (mais bien filmé) où les conducteurs conduisent vraiment comme des abrutis total. J’avais peur que le film ne continue que sur cette lancée.

Heureusement, une ellipse de 16 ans relance le récit, mais là encore, ce n’est pas sans frustrations. Je croyais voir Bob (DiCaprio) devenu un père responsable (c'est ce qu'on voit avant l'éllipse) mais on le retrouve paumé, materné par sa fille, et finalement assez passif. Quand elle disparaît, il se bouge pour la retrouver, mais on a toujours l’impression qu’il subit plus qu’il ne dirige. Difficile de s’attacher à lui.

Finalement, le seul personnage auquel on peut un minimum s'attacher c’est celui de Benicio del Toro, plus nuancé et charismatique que les autres.

Cela dit, il faut reconnaître que les 2h42 passent bien : le rythme est bon, c’est bien filmé, bien monté, et la dernière poursuite a une idée avec cette route vallonnée qui lui donne vraiment de l'intérêt. J'ai tout de même trouvé que parfois la musique prenait un peu trop de place.

Sur le fond, je ne sais pas trop où le film veut en venir.

Les French 75 sont présentés comme des demeurés (en tant que personnes car sinon les objectifs qu'ils se donnent lors de leurs actions chocs de libérations de migrants et autres ont l'air d'être atteints),

Les Blancs (sauf Bob et dans une autre mesure Sean Penn, cf mon PS 2 en fin de critique) sont présentés comme des nazis.

Peut-être que la morale, c’est que Willa, issue des deux camps, incarne une nouvelle génération capable de bâtir une société plus pacifique. Mais vu la caricature des parents (Perfidia et Sean Penn), difficile de croire que le fruit de ces deux-là représente un avenir lumineux…

J'ai aussi vu que certains indiques que ce film est un appel aux armes...Pour moi, ce n’est pas un appel aux armes mais plutôt un appel à être moins radical des deux côtés. Parce que même des actions justes peuvent être tuées dans l’œuf si elles sont menées par des demeurés… Et en face, le camp des “nazis” est tout aussi à côté de la plaque. De toute façon, leur confrérie est vouée à disparaître : avec leurs critères beaucoup trop élevés dans le monde actuel, plus personne ne pourra les rejoindre. Donc tant mieux.

En fait, je me retrouve entre deux avis qu’on retrouve aussi dans les critiques :

Certains spectateurs y voient un film profond qui met en lumière les contradictions internes des extrêmes, et trouvent dans ce chaos une vraie richesse.

D’autres trouvent ça brouillon, caricatural, avec des personnages trop grotesques pour être crédibles et une intrigue principale (la recherche de la fille) trop simpliste.

Moi, je me situe pile entre les deux. Je n’ai pas passé un mauvais moment, mais je reste circonspect.

Bref, pour le moment je mettrais entre 5 et 6/10

Ps 1 :

Je pense que la fin porte clairement un appel à résister au fascisme qui infiltre les institutions.

C'est un axe central du film.

Mais en même temps, ce qui m’a marqué, c’est que le film ne s’arrête pas là : il montre aussi que des deux côtés (quand on tombe dans le radicalisme ou la bêtise) même des actions justes sont condamnées à échouer. Perfidia et Sean Penn sont tellement dans leur délire que ça décrédibilise leur combat. Et en face, les “nazis” ont des critères tellement absurdes qu’ils s’auto-excluent du monde actuel.

Du coup, pour moi, le film est à la fois un appel à résister au fascisme, mais aussi une mise en garde contre le fait de laisser cette lutte être menée par des extrêmes, parce que ça finit toujours par détruire l’élan de départ.

Ps 2 :

Je pense que je me suis trompé lorsque j'ai dit que tout les blanc (sauf dicaprio) étaient nazi, je pense que Sean Penn n'est pas nazi. Déjà, le groupe de nazis finit par le rejeter et le tuer, donc ça montre bien qu’il n’est pas totalement accepté comme l’un des leurs. Et puis son rapport aux femmes noires, à Perfidia, et même à Willa va complètement à l’encontre de leur idéologie.

En fait, on dirait plutôt qu’après avoir perdu Perfidia, il a mis toute sa frustration et son amertume dans ce besoin d’appartenir à un groupe extrême, comme pour combler ce vide. Mais ça sonne plus comme une fuite que comme une vraie conviction.

Certes, il est clairement anti-immigration, mais ça en soi ne suffit pas à le qualifier de nazi (de nationaliste radicale plutôt?)

Ses actes montrent qu’il est surtout contradictoire : il laisse Perfidia poser ses bombes, il la sauve en lui conseillant de balancer les autres French 75, il est jaloux de Bob, il le voit plus comme un concurrent a abattre que comme un ennemi politique, et on sent qu’il aurait bien aimé fonder une famille avec Perfidia.

Même avec Willa, il n’arrive pas à la tuer, il dit juste « si tu n’avais pas été si mal élevée, on aurait pu faire connaissance », ce qui ressemble presque à un regret. Tout ça fait plus penser à un type perdu, rempli de contradictions, qu’à un vrai nazi convaincu.

Ps 3 : (pour la blague j'aimerai aller a ps5 mais je vais normalement m'arrêter là 😅)

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- La lettre de la mere je l'ai trouvé un peu trop idéalisé, je me demande même si ce n'est pas bob qui l' écrit de sa propre main afin que sa fille garde une bonne image de sa mère et non une image d'une balance car quelques phrases m'ont fait tiquer.