Un Noël blanc comme neige qui fout les boules...

Je me suis rendu dans les salles obscures voir ce film sur le nom de Leonardo Di Caprio car c'est en général un acteur qui incarne de façon magistrale ses rôles. Je n'ai pas été déçu : il campe ici un révolutionnaire, Bob, au sein d'un groupe de gauchistes très radicaux qui n'hésitent pas à se lancer dans des actions musclées (armées) pour faire avancer la cause. Son rôle est de concevoir les explosifs. Plutôt suiveur, il est follement amoureux de la passionaria de la révolution, Perfidia.

Avec ce groupe, ils se livrent à la libération d'immigrés parqués dans des camps et se retrouvent face à un capitaine de l'armée raciste, sadique, violent et ambigu, joué par Sean Penn.

Suite à une opération qui tourne mal, le groupe se disperse. Quelques quinze années plus tard, Bob s'occupe de sa fille, devenue une grande adolescente, tandis que la mère de celle-ci a disparu peu après sa naissance. Le militaire devenu colonel n'a rien oublié et Bob va devoir se mettre en cavale.


Si Leonardo Di Caprio assure une prestation grandiose dans son rôle de révolutionnaire dépassé, défoncé et un peu à côté de la plaque dans son rôle parental, ses partenaires de jeu n'ont rien à lui envier et chaque interprète assure sa partition dans cette œuvre insolite qui navigue hors des sentiers battus. Depuis TeyanaTaylor en bombasse black magnétique totalement dévouée à la cause révolutionnaire jusqu'à Sean Penn en militaire suprémaciste vraiment flippant en passant par Benico Del Toro en professeur de karaté sauveur de migrants sud américains... sans oublier l'excellente Chase Infiniti dans le rôle de cette adolescente élevée dans la paranoïa de son père et qui se prend en pleine face la dure réalité de la lutte armée entre l'extrême gauche et la droite très dure, c'est un festival de personnages hauts en couleurs qui crève l'écran.


Les thèmes abordés par le réalisateur, Paul Thomas Anderson, sont un écho criant (prémonitoire ?) à la situation actuelle vécue par les USA. Des descentes d'unités spéciales dans les usines pour traquer les migrants irréguliers, des sociétés de personnages "aux gènes purs" qui se cooptent pour lutter contre tout ce qui n'est pas immaculé, c'est Noël avant l'heure. Même leur dénomination est surréaliste, leur vision implacable de que doit être la pureté ne laisse aucune place à l'imperfection... au sein même de leurs propres rangs. C'est glaçant.

Plusieurs scènes de ce films se révèlent d'ailleurs de véritables coups de poings, tant l'intensité véhiculée par la réalisation est forte. Servie par une musique percutante, cette œuvre imprime sur la rétine une vision crue mais tellement réaliste d'un pays fracturé par ses divisions internes et son système qui broie sans hésitation les individus qui ne se révèlent pas suffisamment des "winners".


Le plus admirable dans le propos du réalisateur, c'est selon moi la nuance dont il fait preuve. Point de manichéisme. L'humain est par essence faillible, pétri de contradictions et c'est ce qui rend cette galerie de personnages si réalistes et attachants. La bataille est loin d'être gagnée mais le réalisateur a manifestement visé dans le mille.

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le 27 sept. 2025

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