Même s’il ne s’agit pas non plus du film le plus révolutionnaire de tous les temps, en d’autres termes, si je dois me poser des questions radicales: est-ce qu’un film est anticapitaliste si son acteur principal touche 20 millions de dollars pour jouer dedans?est-ce qu’un film est d’extrême gauche si son compositeur Jonny Greenwood multiplie les concerts en Israël alors qu’un génocide a lieu sous ses yeux?Il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un film américain, issu d’Hollywood, produit par Warner Bros. Donc j’ai pas envie d’être trop dur, parce qu’on est face à un film au propos courageux, de gauche. Comme disait le rappeur Akhénaton du groupe IAM dans « La fin de leur monde »: « En raison de la pression patriotique, j’admire les gens de gauche en Israël, en Amérique ».Alors que les États-Unis vivent une cancel culture d’extrême droite où lorsqu’on formule une vague critique sur le gouvernement (Jimmy Kimmel qui indique seulement que l’assassinat de Charlie Kirk est récupéré politiquement par MAGA, waouh on est vraiment sur un propos anarcho-marxiste là), où la politique vis-à-vis des immigrés est horrible etc, il faut avoir le courage de s’attaquer au suprémacisme blanc. C’est d’autant plus fort lorsqu’on dépeint un suprémacisme blanc associé à un soldat américain, à une armée américaine où les soldats foncent faire une opération anti-immigration sans jamais remettre un ordre en question. J’ai toujours été marqué par la représentation ultra-positive de l’armée et de la police dans les films américains que j’ai vus, donc c’est à saluer aussi. Le personnage de Steven Lockjaw (Sean Penn) est d’ailleurs assez dingue en méchant ultra frustré, viriliste, d’extrême droite qui est sur le point de faire un AVC à chaque plan parce qu’il ne supporte pas l’idée d’avoir pu être attiré par une femme noire (Teyana Taylor) et d’avoir une fille noire (Chase Infiniti) issue d’une relation sexuelle qui semble avoir été un viol orchestré par lui-même (dans son cerveau c’est le meme des Simpson où on joue des cymbales).Les scènes entre Di Caprio et Benicio Del Toro sont marrantes, franchement la figure de Di Caprio qui représente un ancien révolutionnaire parano et toxico est vraiment bien, il y a à la fois beaucoup d’humour, de la tendresse pour ce personnage et des références politiques très intéressantes (Di Caprio qui regarde « La bataille d’Alger » (1966) de Gillo Pontecorvo que j’ai vraiment envie de voir).Presque tous les plans sont intéressants, la mise en scène est léchée, ça parait assez original, c’est sûrement dû au format Vistavision qui a été utilisé, d’après PTA ça n’est pas arrivé au cinéma depuis 1961 avec « La vengeance aux deux visages » de Marlon Brando. En tout cas on ne s’ennuie pas en 2h40 et ça c’est fort!