C’est le portrait d’une Amérique plus fracturée que jamais, une Amérique qui lutte pour avoir plus de droits, ou tout du moins pour conserver ceux durement acquis, quand l’autre souhaite justement les amoindrir, les droits des femmes, ceux des immigrés, le système de santé, une société sans cesse en perdition et qui prend vie ici, dans tous ses contrastes. Un pays qui se tourne toujours plus vers la violence, une élite qui prend de plus en plus de place, imposant ses diktats, une pauvreté galopante, nous aurons la sensation que tout se délite, que la balance penche dangereusement du mauvais côté et que le pire est à venir, sans que personne ne puisse rien faire pour l’arrêter. Et dans tout ça, c’est aussi le tableau d’une parentalité compliquée, parce qu’il n’est pas simple d’allier son rôle de parent, avec celui de rebelle, difficile d’être mère, quand vous luttez contre les injonctions, mais difficile aussi d’être ce père un peu paumé, sur qui tout repose et qui ferait pourtant n’importe quoi pour sa fille. Alors, c’est un portrait parfois un peu barré, étonnamment extrêmement drôle par certains côtés, presque décalé, mais c’est également un ensemble prenant dans ses idéaux, bouleversant dans les messages qu’il fait passer et presque dramatique même, qui ne fait jamais dans la demi-mesure, assumant ses choix jusqu’au bout. La réalisation de Paul Thomas Anderson est incroyable, il prend à bras le corps l’adaptation du roman, il en extrait toute la quintessence, il lui donne vie dans toute sa complexité, dans toutes ses nuances et c’est avec une photographie extraordinaire, qu’il pousse l’immersion jusqu’à son paroxysme. Visuellement, c’est absolument magistral, peu d’effets spéciaux, on a préféré miser sur le réalisme, sur la brutalité des évènements, celle d’une lutte qui passe par les armes, parce qu’il n’y a plus d’autres solutions et qui nous offre des scènes d’action tout simplement incroyables, mais qui trouvent toujours une justification. En ce qui concerne le scénario, il possède un côté loufoque assumé, c’est ce qui fait toute sa force à mon sens, alors que le film aurait pu plonger dans un pessimisme latent, voire une certaine noirceur, il devient malgré tout plus léger et porteur d’un vrai espoir. On se surprend alors à être profondément touchée par ce récit, riche de messages, par ses personnages aux failles si familières, mais aux idéaux si justes, par cette solidarité qui les unie tous, plus encore dans les moments les plus difficiles et malgré la noirceur inhérente de cet univers, l’espoir parvient à se faire une place, parce qu’on peut toujours agir. Quant au casting, il est évidemment au rendez-vous, avec un Leonardo DiCaprio au sommet de son art, Sean Penn est tout simplement bluffant, Teyana Taylor est volcanique, Benicio Del Toro est aussi drôle, que détendu et j’ai été très touchée par le rôle de Chase Infiniti.
En bref : Un film absolument magistral, aux multiples facettes, qui mélange les genres avec brio, à la fois riche d’action, haletant, mais aussi drôle, parfois même décalé, il se montrera même dramatique durant certains passages, nous brossant le portrait d’une Amérique plus fracturée que jamais, où la violence se fait plus présente de jour en jour et au milieu de tout ça, il y a la famille, elle aussi bancale, qui doit faire avec les blessures de chacun, dans un monde qui explose tout autour !
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