Monsieur et Madame révolutionnaires ont une fille, comment s'appelle-t'elle ?

Ce qui est bien avec Une bataille après l'autre, c'est que l'on peut avoir lu plein de choses sur le film avant de le voir et quand même être surpris à chaque scène. Cela faisait tellement longtemps que je n'avais pas vu un film américain qui ne soit pas totalement prévisible, où on ne sait pas dès le début quel sera le genre du film, qu'est ce qu'il va vouloir dire, où il va aller et surtout comment il va se finir.


Paul Thomas Anderson commence son film comme un film de guérilla où des révolutionnaires vont tenter de libérer des migrants d'un camp de rétention et immédiatement on voit que ça ne va pas réellement être ça le sujet du film puisqu'on voit une des révolutionnaires commencent à aguicher le dirigeant du camp joué par Sean Penn. Le truc sort de nulle part et commence à prendre de plus en plus d'importance.

Tout le film est comme ça, d'une situation donnée on ne sait pas ce qu'il faut en tirer, qu'est-ce-que ça va donner ?

La fille de DiCaprio qui s'entraîne au karaté, c'est pour nous annoncer plus tard qu'elle va casser la gueule à tout le monde car elle est trop forte ? Ben non... C'était pas ça le plus important dans la séquence. PTA ne fait pas ce qui est attendu, ce qui est convenu.


Cette construction permet au film d'avoir une réelle liberté de genre, de ton et même de construction. C'est très long, plus de 2h40 et pourtant on ne voit jamais le temps passer parce qu'on n'est jamais en terrain connu, il se passe toujours une nouvelle dinguerie à l'écran d'où on ne sait pas trop comment les personnages peuvent s'en sortir et dont on se doute qu'ils ne vont pas s'en sortir de manière conventionnelle. Il y a un réel effort fait sur l'écriture pour ne pas ressemble à quelque chose qui a déjà été fait et qui tomberait dans certains carcans.


Mais le mieux dans tout ça c'est que c'est incroyablement drôle. Qu'est-ce-que j'ai ri... L'histoire est tragique sur le papier, violente, tout ce que tu veux... Lorsqu'on regarde le film on rigole. Le décalage entre ce que l'on voit, ce que ça raconte, comment ça le raconte me rappelle un peu les frères Coen. DiCaprio qui se lance à la poursuite de sa fille totalement défoncé en peignoir avec un flingue et des lunettes de soleil pas possible, c'est, outre le côté tragique, totalement délirant.

Le film est toujours sur un film entre la comédie et la tragédie et parvient à ne jamais tomber dans le pathos ridicule ou dans le grotesque absolu qui ferait perdre de vue tous les enjeux des situations. Un numéro d'équilibriste qui est réussi.


Je ne sais pas trop quel regard porte le film sur ses révolutionnaires/ex-révolutionnaires en peignoir un peu pathétiques, même si on voit qu'il ne porte pas les groupuscules racistes dans son cœur. Néanmoins la forme du film est tellement contraire à ce que l'on a l'habitude de voir sortir d'Hollywood qu'on se dit que le film ne peut pas être un filet d'eau tiède centriste, surtout qu'il y a un point que j'ai beaucoup aimé sur la famille, pendant tout le film se pose une question sur la paternité biologique d'un personnage pour finalement qu'on s'en foute totalement et que ça ne soit pas ce qui compte pour former une famille.


Si j'ai envie de chipoter, je dirais qu'à un moment il y a une ellipse et on ne voit pas que les personnages ont vieilli... Si j'ai bien retenu le personnage de Di Caprio est censé avoir 42 ans... (et donc la trentaine avant l'ellipse) bon ben j'y crois pas trop... La fille jouée par une actrice de 25 ans alors qu'elle est censée en avoir 16... Mouais... Faut quelques minutes pour l'accepter.


En tous cas c'est le film de PTA que j'ai préféré depuis très longtemps (peut-être depuis There Will Be Blood) et même si Sean Penn en fait un peu des caisses, ça finit par coller avec le ton du film et le ridicule de son personnage. Bref super film.

Moizi
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste films vus en 2025

Créée

le 15 nov. 2025

Critique lue 2.6K fois

61 j'aime

Moizi

Écrit par

Critique lue 2.6K fois

61

D'autres avis sur Une bataille après l'autre

Une bataille après l'autre
cielombre
4

La bataille à chier

Un film qui donne finalement plus envie de passer son permis que de faire la révolution, il fallait y penser, Paul Thomas Anderson l'a fait. Précédé d'une immense attente, nourrie à la fois par le...

le 30 sept. 2025

106 j'aime

7

Une bataille après l'autre
Plume231
7

Que viva la confusion!

Il est inévitable que l'on se dise qu'un film se déroulant aux États-Unis, dans lequel on a deux camps viscéralement opposés, ne pensant qu'à se détruire l'un et l'autre, est plus que d'actualité en...

le 24 sept. 2025

90 j'aime

24

Du même critique

Star Wars - L'Ascension de Skywalker
Moizi
2

Vos larmes sont mon réconfort

Je ne comprends pas Disney... Quel est le projet ? Je veux dire, ils commencent avec un épisode VII dénué de tout intérêt, où on a enlevé toute la politique (parce qu'il ne faudrait surtout pas que...

le 21 déc. 2019

515 j'aime

49

Prenez le temps d'e-penser, tome 1
Moizi
1

L'infamie

Souvenez-vous Bruce nous avait cassé les couilles dans sa vidéo de présentation de son "livre", blabla si tu télécharges, comment je vis ? et autre pleurnicheries visant à te faire acheter son...

le 29 nov. 2015

312 j'aime

148

Le Génie lesbien
Moizi
1

Bon pour l'oubli

Voici l'autre grand livre « féministe » de la rentrée avec Moi les hommes je les déteste et tous les deux sont très mauvais. Celui la n'a même pas l'avantage d'être court, ça fait plus de 200 pages...

le 4 oct. 2020

251 j'aime

62