Œuvre symbole de la remise en question d'un artiste "incompris" après l'échec inattendu de ce qui restera probablement comme un de ses meilleurs films "Les deux anglaises et le continent", une "Belle fille comme toi", objet foutraque semble porter toutes les hésitations d'un homme en mal de reconnaissance, à la recherche de réconciliation avec son public.
Résistant à la tentation de la comédie musicale
si j'avais mon banjo, je pourrais vous raconter certains choses en chantant, vous voyez genre comédie musicale
dira Camille , (jeune femme au passé délinquant) à Stanislas, (sociologue écrivain venu l'interroger en prison), Truffaut s'engage ostensiblement sur le chemin de la comédie populaire, voire de la franche pocharde (légèrement) policière. Mais, le cinéaste ne se livre d'abord pas totalement au genre, reprenant une dialectique très nouvelle vague, et même Rhomérienne, il entremêle allégrement naturalisme et dialogues rendus artificiels par une diction théâtrale, et cède presqu'involontairement à l'approche philosophique, lorsque son héroïne décline son destin sur le "pari de la fatalité" comme le héros Rhomérien initiait le sein sur le pari de Pascal.
Passées ces considérations plus intellectuelles et quelques effets de mise scène, le ton grivois irrévérencieux surprend, séduit même dans un premier temps, le cinéaste se laisse aller à la gaudriole, portée par une Bernadette Lafond gouailleuse, ressuscitant le personnage de Marie , libertaire et libertine, dans "La Fiancée du pirate". Comme Marie, Camille s'accommode de la fatalité et du désir qu'elle inspire aux hommes, profite de la générosité de quatre amants (ou maris) "se laisse escalader" "pour être bien gentille avec tout le monde, ce qui n'est pas facile, car les journées ne font que 24 heures".
Le cinéaste semble déterminé à déployer son effet comique et ses variations jusqu'à l'épuisement, et force est de reconnaitre qu'il parvient tout à fait... à épuiser ses ressorts, seule l'opposition des caractères et le triangle amoureux naissant entre la jeune femme, le sociologue coincé (André Dussolier) et sa "scripte" prude et amoureuse continue à engendrer quelques situations nouvelles, dans un ensemble qui s'apparente un peu plus au fil de son cheminement à une addition de séquences, presqu'un un film à sketches reposant chacun sur l'ébauche d'un personnage masculin et sa rencontre avec la belle.
Et ,lorsqu'enfin le cinéaste sort de sa mécanique devenue redondante, il ajoute à la confusion des genres et à la confusion globale de l'ensemble, mais de manière tout à fait brillante, dans une scène (hommage à Vertigo) au sommet de la cathédrale de Béziers.