Une vie
6.9
Une vie

Film de James Hawes (2024)

One Life, c’est le titre de cette histoire portée par la culpabilité d’un homme qui s’avère être un héros. One Life, et pas A Life comme pourrait le laisser sous-entendre la traduction française en Une Vie, car c’est le regret de ne pas avoir pu sauver ne serait-ce qu’une vie de plus. L’homme campé par Anthony Hopkins et Johnny Flynn, Nicholas Winton, est discret et humble, et a le sentiment ne pas en avoir fait assez.


Le film dévoile en parallèle deux époques de la vie de Winton. La première se déroule en 1939, alors que l’invasion des Sudètes a eu lieu et que le reste de la Tchécoslovaquie se sait la suivante. Notre protagoniste est un trader à Londres qui va rejoindre un ami pour une mission humanitaire à Prague pour, devant l’horreur du réel, va lâcher son boulot et tout mettre en oeuvre pour sortir un maximum d’enfants du pays (le seul type de population que le gouvernement britannique pouvait accepter dans des délais très courts). On y découvre un personnage dans l’urgence, conscient du mal qui va s’abattre sur l’Europe, et dont le pire ennemi est la bureaucratie, figée dans un formalisme sclérosé et inadapté à une crise de cette envergure.


La seconde partie du récit se passe en 1988, alors que Winton (Hopkins, qui n’a plus rien à prouver de sa maestria) se remémore son passé lors d’un ménage de sa vie accumulée en babioles, et doit décider de ce qu’il doit faire de ses journaux de l’époque. Les léguer à un musée, ou les communiquer à la presse pour faire ressurgir un sentiment humaniste dans la population, alors que la crise des réfugiés kurdes bat son plein. Il réussit finalement à capter l’attention d’une émission de la BBC qui l’invite pour un moment mémorable dont je tairais la chute (à ce titre, évitez la bande-annonce qui dévoile l’une des scènes fortes du film). En contraste du jeune Winton, celui de 1988 est en bout de parcours, mais n’a jamais fait la paix avec son entreprise de sauvetage qu’il considère comme un échec. Un échec qui a sorti 669 enfants, majoritairement juifs, d’une ville où la déportation a été massive dans les populations jugées indésirables par le régime nazi.


Avec un tel sujet, rappelant fortement les actes d’Oskar Schindler, il aurait été facile de sombrer dans le mélo larmoyant. Et si effectivement on a souvent l'œil humide, James Hawes, dont c’est le premier long-métrage, s’en sort plutôt bien et évite certains écueils. La réalisation est assez académique, mais le récit fort se suffit à lui-même. En découle une œuvre qui brille par le fond plus que la forme. Et qu’un film parlant d’un homme qui veut alerter sur l’horreur de la situation des réfugiés de 1988 en ramenant la mémoire des réfugiés de 1939 sorte en 2024, alors que les conflits en Ukraine et au Moyen-Orient, ainsi que les victimes de la crise climatique, créent leurs nouveaux lots de personnes nécessitant tout l’altruisme possible, ce n’est pas anodin. Si on pouvait avoir plus d’échecs à la Winton


Frakkazak

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