Qui est cet homme qui à chaque fois que je l'abats, continue à vivre ?

UTU m'avait déjà fait de l'œil… bon après, vu qu'il y a un trilliard de films qui m'intéressent, je me suis dit que je le regarderai plus tard. Sauf que voilà, il y a eu le début des soldes récemment, et je suis justement tombé sur celles de The Jokers Films : heureux hasard, UTU était justement en promo !

(Logique me direz-vous ! Sinon, pourquoi écrirais-je cela ? Déjà que je vous raconte ma vie de merde concernant mes achats de Blu-Ray dont tout le monde se branle. Mais si en plus, il fallait qu'il n'y ait aucun rapport, ce serait encore plus con !)


Bref, avant d'entamer mon visionnage d'UTU, je m'attendais à voir une sorte de The Nightingale avant l'heure, mais en (logiquement) beaucoup moins violent. Alors en fait, pas du tout, UTU n'a finalement pas grand-chose à voir avec le film susmentionné (j'ai lu à plusieurs reprises que le film avait quelques similarités avec Little Big Man et Soldat bleu, mais je n'ai pas vu ces deux films donc je n'ai rien affirmé ou infirmé du tout) ne serait-ce que parce que Geoff Murphy a tenté de réaliser un film moins manichéen… si ce n'est l'inverse. En fait, autant l'introduction du film fait que je me suis vite rangé du côté de Te Wheke (incarné par Anzac Wallace, un ancien syndicaliste), autant le reste m'a presque donné l'impression de voir un film davantage pro-britannique que pro-Māori. Non parce que le Te Wheke, je l'aime bien, par contre, il est totalement ravagé : il décapite un vicaire, tire sur les trainards, il semble posséder 90 % du temps… bref, il inspire tout sauf confiance.

C'est d'autant plus dommage que le film ne donne pas la parole à d'autres leaders Māoris, alors qu'un dialogue nous mentionne bien qu'il y a bien plusieurs clans, ainsi que des conflits entre eux… mais c'est tout, le film s'en débarrasse aussi vite qu'il mentionne cet élément. En fait, il faut savoir que, même si le long-métrage reprend de nombreux éléments s'étant passés dans la réalité, ce n'est pas un film historique pour autant : d'autres libertés auraient donc très bien pu être prises à ce niveau-là.

J'ai par contre beaucoup apprécié le personnage de Williamson (incarné par Bruno Lawrence), sorte de double de Te Wheke mais qui combat l'autre camp, simple colon qui souhaitait vivre tranquillement avec sa femme au début du film, mais qui fini par complètement péter un câble suite à la mort de cette dernière. Le personnage a un destin aussi tragique que fantastique puisque devenant de plus en plus psychotique au fur et à mesure du récit, il se met à fabriquer un fusil à quatre canons : le genre d'arme iconoclaste que je prends toujours plaisir à voir dans un film.


Comme je le disais en introduction, m'étant procuré une version distribuée par The Jokers Films, à savoir la version redux de 2013, j'ai donc eu affaire à la troisième version du film. La première ayant été diffusée exclusivement en Nouvelle-Zélande, quant à la seconde, elle fut considérée comme la version « officielle » jusqu'à la réédition de 2013. Réédition sur laquelle le réalisateur et le monteur du film d'origine, Michael Horton, ont travaillé afin de se rapprocher de l'esprit de l'œuvre originale, de sa violence, tout en raccourcissant certaines scènes dans le but de rendre le film plus dynamique. Inutile de vous dire que je n'ai jamais vu les deux premières versions (d'ailleurs, lors de la sortie de la version originale en Nouvelle-Zélande, les Māoris l'ont bien plus appréciés que les Pākehās, les néozélandais d'origine européenne). Par contre, je ne peux que saluer le travail fourni par l'équipe de Geoff, mais aussi par les studios de Peter Jackson, à savoir Weta Digital et Park Road Post, car le film que j'ai eu devant les yeux n'a pas subit une seule ride (ce qui n'était pas chose aisée, car si j'en crois les différentes interviews, le matériau d'origine n'était pas dans sa qualité optimale) : l'image est propre, les couleurs sont belles… bref, la photographie est irréprochable. De surcroit, le film ayant été tourné dans de réels décors, variés de surcroit, notamment dans le bush néozélandais, ç'aurait été dommage qu'une remasterisation ne rende pas hommage à cela.

D'ailleurs, maintenant que j'y suis, UTU avait beau être l'un des films néozélandais les plus chères jamais tournés, ça n'a pas empêché le fait que certains passages furent conçus de bric et de broc : les figurants jouant les soldats coloniaux ayant eu du droit à du carton pour concevoir leurs chapeaux et à du gros scotch blanc pour imiter les shoulder belt. Dans un autre registre, certains décors, en l'occurrence la maison de Williamson, ont été utilisées une première fois, puis démontées pour être réutilisées d'une autre manière plus tard. Cela n'empêche pas que malgré tout, le film s'en sort plutôt bien, très bien même : les maquillages sont très propres (Anzac Wallace passait quatre heures chaque jour exclusivement pour le maquillage) et la tête décapitée du vicaire en début du film ressort plutôt bien à l'écran.


Dans l'ensemble, force est de constater que le tout s'en tire très bien. Certes, le propos du film peut être discutable, mais comme déjà dit plus haut, le long-métrage fut mieux perçu du côté des Māoris que des Pākehās lors de sa sortie : peut-être qu'un film davantage anti-Pākehās / pro-Māoris aurait empêché le réalisateur de produire son film, qui sait ? Reste tout de même un western néozélandais solide, avec des scènes d'actions réussies et une photographie irréprochable. Tout ç'a m'a bien donné envie de voir le reste de la filmographie de Geoff Murphy… même si j'ai l'impression que c'est un peu une mauvaise idée.

MacCAM
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le 15 juil. 2023

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