On m'avait dit que ce film ne Valérien, mais ce n'est pas vrai !

(Pardon pour le titre)


"J'ai attendu toute ma vie pour faire Valérian", voilà ce que dit Luc Besson à propos de son nouveau bébé. Et savoir qu'un type comme lui place ce nouveau film au dessus d'un certain Le cinquième élément, ça pose l'importance du bordel. Bon, il a aussi pu dire ça sans le penser, juste pour promouvoir son film, mais quand même. Avec un budget pharaonique de près de 200 millions d'euros, le film a été un véritable combat à financer, et seul un Luc Besson ultra déterminé pouvait réussir cet exploit, en France qui plus est. Alors, ça en valait le coup ? Moi je trouve que oui.


Dans une galaxie lointaine... Ah non, sur Terre en fait


Moi qui avait bien aimé Lucy (patapé siouplai, moi gentil quand même), et ayant surtout bien été séduit par le trailer, j'avais hâte de découvrir ce nouveau monde imaginé par Besson, visiblement bien inspiré par une BD apparemment culte mais dont je n'avais jamais entendu parler. Et bien raté, car le film débute en 1975, avec le premier contact spatial entre deux peuples : la mission Apollo-Soyouz de 1975. S'ensuit un montage assez classieux présentant les différentes réunions du même type entre différents autre peuples, d'abord humains (premières arrivées dans l'espace de la Chine, de l'Inde...) puis extraterrestres. Tout ceci entraîne l'apparition d'une "station inter galactique" au dessus de notre belle planète bleue, en lieu et place de l'actuelle ISS. Seulement cette station devient tellement imposante qu'elle menace notre planète, et est donc éjectée de son orbite terrestre pour devenir complètement indépendante. Cette superbe intro nous plante donc sans surcharge d'information et surtout sans aucun dialogue le décor du film, baptisé station Alpha. En à peine deux minutes, sans monologue explicatif ni encart de texte grossier, le film a introduit le gros de son univers. Un modèle du genre.
Bon et après, ça cause ? Toujours pas ! Nous voilà sur une mystérieuse planète paradisiaque, à suivre la vie d'une extraterrestre bleue qui pèche des perles. Ça à l'air chiant ? Ça ne l'est pas. C'est brillant. Là encore sans faire parler personne (ou presque), Besson pose parfaitement ce nouveau bout de son univers. On comprend qui est qui, qui fait quoi, qui est en relation avec qui, le tout servit par des effets spéciaux superbes, sublimés par une direction artistique colorée qui a provoqué chez moi plusieurs orgasmes rétiniens successifs.
Profitant alors du fait que l'on soit ébahit devant la beauté simple de ce peuple et attendris par des petits animaux trop choupis qui multiplient les perles, Besson déclenche soudain une véritable apocalypse et atomise tout. Mais pas comme le ferait Roland Emmerich, à grand renfort d'explosions et de destruction gratuite, mais toujours d'une manière belle, et pour le coup déchirante. Ils n'ont toujours pas parlé, et pourtant on a envie de pleurer pour ces personnages magnifiques.
Et enfin, après tout ça, nos héros.


Laureline et la cité des milles planètes


Valérian et Laureline sont des agents intergalactiques d'élite qui fricotent tranquillement sur une plage. Le premier est un gros beauf du 28e siècle qui ne pense qu'à se taper sa partenaire, la seconde s'en amuse de quelques répliques cinglantes, ils forment d'emblée une équipe parfaite. Si j'ai cependant un reproche à faire au film, c'est que le personnage de Valérian n'évoluera que très peu jusqu'à la fin. Ainsi, la relation qu'il a avec Laureline semble déjà acquise avant que le film ne commence, et rien ne viendra mettre en cause son comportement envers elle. Ceci étant dit elle ne semble jamais complètement le repousser, mais leur romance n'en demeure pas moins un peu superficielle. M'enfin, c'est toujours une meilleure histoire d'amour que twilight.
Laureline aura quand même le droit à un développement plus poussé. Comme en témoigne sa filmographie, Besson a toujours aimé représenter des femmes tantôt fortes, tantôt plus fragiles, et il semble s'être éclaté avec ce personnage. L'interprétation de Cara Delevingne est en plus de cela très bonne. Mention spéciale à la VF sur ce coup, la voix de sa doubleuse étant une sorte d'équivalent français de la voix de Scarlett Johansson. Difficile d'en dire autant de Valérian, un peu plus plat tout au long du film.
Ce joli petit couple doit récupérer un colis pour le compte de leur gouvernement, à savoir l'un des petits animaux multiplicateurs de perles de tout à l'heure. Il se trouve dans un endroit nommé le Big Market, sur lequel je ne vais pas m'étendre car il s'agit sans doute de l'une des meilleures idées du film, amenant l'une des meilleures scènes du film. Je vous laisse le soin de découvrir ça par vous même.


La plus grosse réussite du film : la station Alpha


Une fois la mission accomplie, ils s'en vont vers la fameuse station Alpha, qui s'avère menacée par une zone radioactive mystérieuse qui s'étend depuis son centre. Mais puisque ce n'est pas assez, le grand patron de la station se fait enlever et le duo Valérian/Laureline se lance à son secours. Ceci étant dit, si à ce stade là vous n'aviez pas encore compris que ce fameux commandeur cache un truc pas net, c'est que vous n'êtes clairement pas très malins tant les mouvements de caméra entourant ce personnage son explicites. On devine donc que nos héros vont découvrir des choses inattendues durant leur périple.
Mais pas tout de suite, car on en arrive au moment qui risque de perdre une grande partie des spectateurs : le "gros trou du milieu". C'est un passage durant lequel le scénario est mis en pause, et où le seul fil narratif qu'il reste consiste en "Laureline va sauver Valérian, qui va sauver Laureline, qui va sauver Valérian...". N'ayant rien à envier aux scénarios des meilleurs épisodes de Power Rangers, ce passage va clairement sonner comme un remplissage maladroit pour certains, et je suis persuadé qu'il est en grande partie responsable des avis négatifs concernant le film. Pour ma par, c'est le moment qui m'a le plus plu.
Besson en profite en effet pour développer l'univers de Valérian, et c'est pour nous l'occasion d'en apprendre plus sur cette superbe cité regroupant des milliers d'espèce différentes d'aliens en tous genres. J'ai adoré découvrir tous ces environnements, voir toutes ces créatures, tant et si bien que je n'ai même pas fait attention sur le coup que le scénario n'avançait plus. Pire, j'ai même été presque déçu quand il a repris comme si de rien n'était. Pour moi, la force principale de ce film est l'univers qu'il développe, mon passage préféré est donc logiquement celui où cet univers est développé. Mention pas spéciale à la VF cependant, la synchronisation labiale des aliens en CGI ne collant pas du tout avec les textes français.
D'ailleurs, si vous cherchiez Rihanna ou Alain Chabat ne les cherchez plus, ils sont dans ce passage. On peut d'ailleurs plus parler de caméos que de véritables rôles.
Alors bien sûr après tout ça on en arrive à la fin du film, mais ça je vous laisse le voir tous seuls. Brillant par sa simplicité - pour laisser plus de place à l'univers développé - le scénario n'en trouve pas moins une conclusion satisfaisante, nous épargnant même la bataille spatiale sous forme de bouillasse numérique qui semblait pourtant inévitable.


En conclusion, je dirais que je trouve deux défauts à ce Valérian : des dialogues souvent un peu plats et un texte hors cadre au tout début. Forcément, les types de la mission Apollo-Soyouz n'avaient pas pensé à filmer leur rencontre en scope, donc on a des bandes noires au tout début quand Besson reprend ces image. Sauf qu'il a décidé de placer la date (1975) dans l'une de ces bandes noires. Un détail certes, mais qui fait tâche sur la première image du film. Heureusement que le reste est à peu près irréprochable. J'ai aimé Valérian. C'est un projet ambitieux, qui prouve que l'on peut faire ce genre de cinéma en France, et que je vous encourage à aller voir.

Delfre56
8
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le 27 juil. 2017

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