Ce film à l’excellente réputation coche toutes les cases du cinéma de salon dit de « qualité » : naturaliste, sensible, introspectif et bergmanien... jusqu’à la nausée (les problématiques familiales, les rapports à la mort, à Dieu, au mutisme ou aux troubles psychologiques) ! Mais, comme souvent, n’est pas Bergman qui veut, même pour un scandinave. On est très loin de la qualité d’écriture du maître suédois. Très loin aussi de l’intensité dramatique de ses films.
« Valeur sentimentale » n’est pas dépourvu de mérites pour autant. Les comédiens sont tous excellents en commençant par Renate Reinsve (qu’on avait déjà vu dans le très sympathique « Julie (en 12 chapitres) »), au jeu tout en finesse, et au grand Stellan Skarsgard (qui a débuté chez Bergman, ça ne s’invente pas…) dans un rôle de père égocentrique, distant et néanmoins fragile.
Le film commence fort d'ailleurs avec une séquence très réussie où le personnage principal incarné par Renate Reinsve fait une attaque de panique juste avant de monter sur scène... Et puis plus rien. Tout retombe comme un soufflet. Les séquences se suivent, toujours très délicates et justes, perlées de larmes retenues et d'émotions refoulées, diluant le mélodrame familial dans l'ennui le plus profond. Malheureusement, ni l’accumulation de gros plans sur des visages inquiets ou en souffrance (Bergman sort de ce corps !) ni la justesse de ton des comédiens ne parviennent à nous offrir autre chose qu’un sentimentalisme froid sur fond de crise existentielle bon teint.
Quand on pense que ce film a obtenu le Grand Prix 2025 à Cannes (censé récompensé le film ayant manifesté le plus d'originalité ou d'esprit de recherche) on croit rêver...