Chers admirateurs, amis fidèles ! Êtes-vous prêts à vivre une autre terrifiante nuit d'horreur ?



  • Haouuuuu !!!

  • Qu'est-ce que c'était ?

  • Rien qu'un enfant de la nuit, Jonathan. Viens. Viens t'asseoir près de moi, dans la véranda.

  • Il fait frisquet.

  • Regarde la nuit. C'est beau. J'aime tellement la nuit.

  • Je ne t'ai jamais vue aussi belle, Nina. Si pâle. Si... luminescente. Si...

  • Oui ?

  • Tes lèvres sont si rouges.

  • Vraiment ? Tu aimerais les embrasser ?

  • Pourquoi me regardes-tu si étrangement, Nina ?

  • Pas toi, Jonathan. Ton cou ! T'a-t-on jamais dit... qu'il est splendide ?

  • Non.

  • Viens. Pose ta tête sur mon sein.

  • ...

  • Arrête... créature de la nuit ! Qui êtes-vous, pour interrompre ma pitance nocturne ?

  • Je suis Peter Vincent... le tueur de vampires !




Welcome to fright night, for real !



Début des années 80, l'époque où les films d'horreur américains appeler slasher sont en train de conquérir le cinéma horrifique grâce au succès d'Halloween par le maître du genre John Carpenter. Alors que plus d'un tente de surfer sur le succès du film de Carpenter avec Vendredi 13, Freddy... le cinéaste Tom Holland encore novice, profite de cette mouvance pour prendre tout le monde à contre pied, en présentant une oeuvre désuète, faisant revivre un mythe horrifique à ce moment-là délaissé car totalement essoré, " le vampire ". Une relecture des monstres classiques via une projection présentant un parfait assemblement entre ce qui fit le succès du film d'horreur traditionnel du vampire, avec une actualisation des années 80. Un hommage et une revitalisation du genre qui ouvrira une voie aux futurs films de vampires qui ne dresseront plus un portrait du suceur de sang au passé, mais au présent. Une façon de ressusciter le vampire en le modernisant afin de lui offrir une légitimité à vivre dans le monde actuel. Un grand classique aux proportions monstrueuses.


Une lettre d'amour horrifique aux fans du genre qui fut un sacré succès à travers le monde, récompensé de plusieurs titres au festival de Saturn Awards (meilleur scénariste Tom Holland, meilleur film d'horreur, meilleur second rôle pour Roddy McDowall), ainsi qu'au festival du film fantastique d'Avoriaz, et le Prix de la critique au Fantasporto. Une ferveur qui aura amené une suite, dont plusieurs comics, jeux vidéo, et même des romans, avec 30 ans après un sympathique remake avec Collin Farell appelé Fright Night qui aura lui aussi sa (hum hum) suite.


Vampire, vous avez dit vampire est un film d'horreur amusant réalisé par Tom Holland qui me tient particulièrement à coeur. Ce titre est ma madeleine de Proust, un film sur le folklore vampirique qui résiste brillamment au temps, possédant indéniablement une place de choix au panthéon des meilleurs Monster Movies (un genre dont je suis extrêmement fan). Fright Night présente un récit habile, burlesque, jouissif, sulfureux, violent et effrayant, à l'intrigue innovante et dérangée. Partir du postulat de mettre un vampire sexy et terrifiant dans une banlieue tout ce qu'il y a de plus typique pour le confronter à son jeune voisin indiscret, offre une ambiance particulièrement surprenante aux événements. Dans une conduite rythmée jamais à court de situation pour le moins cocasse ni inquiétante, on profite allègrement du spectacle. Bien que souvent drôle, l'histoire ne tombe jamais dans l'autodérision, grace à l'horreur qui tient une place de choix pour mon plus grand plaisir.


Sous la plume et réalisation de Tom Holland, le film se révèle étonnant, dressant le portrait inattendu et innovant d'un vampire charismatique, envoûtant, séduisant et surtout monstrueux du nom de Jerry Dandrige. Un personnage diabolique auquel les effets spéciaux de Michael Lantieri rendent hommage tant ils sont incroyables pour l'époque (fonctionnant encore très bien aujourd'hui). Lantieri rend grâce aux idées de Tom Holland en redéfinissant habilement le nouveau design des vampires, qui sont flippants, nauséabonds et répugnants. Chaque créature a droit à un design soigné, que ce soit la goule, le loup-vampire, Jerry, rien n'est laissé aux hasards. Un public n'ayant pas connu le film à sa sortie pourrait trouver cette oeuvre dépassée, mais le côté volontairement ringard allié à la technique employée pour les maquillages et costumes est tellement dément que cela force le respect, d'un niveau graphique égalant presque "The thing ". J'adore ce genre de conception " fait à la main " en animatronique, cela renvoie un effet tellement plus authentique et réel que les CGI. Je suis un amoureux de cette conception (surtout pour les films d'horreur) qui peut présenter des faiblesses, mais apporte tellement d'authenticité.


Certaines scènes sont superbement réalisées, comme la séquence de la danse dans la boîte de nuit particulièrement soignée et érotique. La mise en scène est immersive, et maligne, particulièrement centrée sur ses travellings qui se focalisent admirablement sur l'antre démoniaque de Jerry avec des couleurs perceptibles renvoyant la froideur des ténèbres. Les décors sont atypiques, que ce soi l'antre de la bête nocturne, en passant par le plateau de l'émission télévisée de Peter Vincent, tout fait authentique.
Les péripéties sont de qualités, l'affrontement contre le loup hybride, ainsi que contre Jerry le vampire atteint des sommets. Voir ses créatures se décomposer de manière si dégueulasse dans une agonie ultime, est autant jouissif que dérangeant. Je pense en particulier à la longue et lente complainte mortuaire du jeune vampire-loup auquel Peter Vincent assiste complètement pétrifié et désarmé.


L'excellente musique de Brad Fiedel contribue amplement à l'ambiance horrifique de certaines situations, dont mais son côté fun. Avec un thème rock très synthétique qui marque bien le temps année 80 dans son thème et son ton. Les divers titres sont bien fournis, j'ai également apprécié cette rétrospective des anciennes musiques vampiriques fantomatiques qui sont par moments réutilisées, pour par exemple présenter le plateau télé du formidable Peter Vincent.


Terminons par la sympathique brochette d'acteur, pour la plupart novices ce qui explique certaines scènes surjouées, mais c'est franchement pardonnable. Que se soit Roddy McDowall, Amanda Bearse, William Ragsdale, ou Chris Sarandon... chacun y va de bon train. William Ragsdale (Charly Brewster) est un adolescent fan de film d'horreur, qui se retrouve complètement dépassé par les événements par son nouveau voisin le vampire Jerry. Charly se retrouve à passer pour un malade mental aux yeux de tous, car personne ne le croit lorsqu'il dit qu'un vampire veut sa peau. Dommage que ce comédien n'est pas réussi à percer dans le cinéma, néanmoins si des fans de l'acteur il y a, il est disponible dans des films pornographiques gay.


Le plus charismatique et dément élément de cette fresque horrifique, Jerry Dandrige le vampire! Savamment incarné par un Chris Sarandon au top. J'adore ce méchant qui apporte une sacrée présence à la fois sensuelle et brutale, de manière crédible car fournie en expression physique et gestuelle. Tel un Bane, Joker, Vador... il possède des mimiques qui apporte une vraie identité à son rôle qui ne demande au final qu'une seule chose... qu'on lui foute la paix . Le voir manger des pommes et jouer de ses victimes avec un air nonchalant avant de les dévorer est jouissif à souhait.
Quant à son majordome, la goule joué par Jonathan Stark, il faut reconnaître qu'il est appréciable dans son rôle de protecteur qui va de pair avec Jerry. Tous deux forment un duo efficace à l'instar de Peter Vincent et Charly Brewster, même si la nuance entre le Maître de la nuit et son serviteur fait référence à une relation homosexuelle, qui pourrait en outre mesure être comparé aux nombreux sévices et violences dont la communauté gay a été victimes par le biais de Charly qui veut rapidement exterminer le vampire et son serviteur car ils sont différents, alors qu'eux ne demande qu'à être en paix avec le voisinage, même si ceux-ci se nourrissent d'humain.


Viens mon personnage favori et sans aucun doute un élément culte, Peter Vincent le grand tueur de Vampire, interprété avec conviction par l’excellent Roddy McDowall qui fut récompensé pour ce rôle. Peter Vincent est emblématique, un comédien âgé qui ne comprend plus le monde qui l'entoure, présentant une émission d'horreur ringarde mais tellement bon à regarder. Ce que j'aime chez lui, c'est que le dépassement de soi dont il fait preuve, pour faire face à sa peur afin d'affronter les créatures de la nuit. Lui qui est à la base un simple présentateur de télé d'épouvante un brin trouillard, se retrouve contraint et obligé d'affronter de vrai démon. Bien que drôle son personnage est assez charismatique, présentant un design de bon vieux chasseur Sherlockesque, avec sa sacoche remplie de crucifix et autres pieux en bois.
J'attire votre attention sur les excellentes références des vieux films d'horreur de la Hammer passé au travers de diverses scènes de l'émission télé de Peter Vincent. D'ailleurs l'on doit son nom en hommage à deux icônes du cinéma fantastique des années 60, Vincent Price et Peter Cushing, un hommage brillant.


CONCLUSION :


Vampire vous avez dit vampire est un cocktail explosif qu'il faut voir au moins une fois. Une saga à part entière tout droit sortie de l'esprit de Tom Holland qui propose bien plus qu'un énième film de vampires. Bien que le film ait plus de 30 ans, je dois reconnaître que plus les années passent et plus il se bonifie avec le temps. À mes yeux il reste encore aujourd'hui une grosse référence du genre qui a su réactualiser le mythe du vampire à une époque où ce n'était pas du tout propice. Un teen vomi Monster assumé qui rend un bel hommage au cinéma vampirique et horrifique des années 60. Cette première réalisation de Tom Holland est profondément ancré dans une notion généreuse en partage de vouloir démontrer un fond de penser diffèrent sur le cinéma d'horreur. Ce film est génial !


Une superbe relecture moderne d’un vieux mythe du fantastique qui fait que je ne peux que le qualifier de chef-d'oeuvre ultra culte !!!

Créée

le 25 nov. 2018

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