L'absurdisme des gogos sociaux à bout de souffle

Balade nocturne à Berlin et nouveau film en pseudo plan-séquence, procédé employé chez quelques 'visionnaires' hypés du moment (Birdman vient alors de vulgariser la notion). Victoria est une sorte d'Irréversible pour cultureux jeunistes (ou jeunes) et impressionnables, démarrant sur une fin de soirée entre quatre potes éméchés avec une inconnue ; le drame est pour la deuxième heure.


Jusque-là c'est banal mais on ne ratera pas une miette – même du brossage de dents, occasion d'un beau regard face caméra. Victoria ne fait pas dans le naturalisme pour autant et ne cherche pas l'objectivité, encore moins l'impersonnel ; la réalisation s'inscrit dans le courant, se laisse porter par le tumulte naissant ou va chercher l'agitation.


Le temps réel donne l'impression d'une prise directe pour le spectateur (décuplant les effets de l'apparente immédiateté), communique urgence et impulsivité a-priori – l'absence de ressorts internes plombe irrésistiblement derrière. Victoria peut embarquer, si on se retrouve dans les personnages, les lieux, les situations. Il lui faut donc passer par la séduction. Ce n'est pas le scénario ni les retournements qui sont en mesure de convaincre ou d'induire une montée de sève.


Le principe devait générer de l'authenticité, par rapport à un récit conventionnel. Il ne produit pas de gains à terme, faute de crédibilité dans les relations et réactions – les choix de la protagonistes donnent la pire donc meilleure illustration. Faute de 'pénétration' (hormis une ébauche de trois plombs au piano), son personnage reste artificiel (encore plus qu'aberrant ou insaisissable). Au niveau affectif il n'a pas de sens, même en considérant l'injection de substances ou la haute tension.


Médiocrité des personnages et de l'histoire, culte de 'l'instant' sans préméditations ni expérience suffisante pour amortir, faible capacité à rebondir ou à enrober des éléments uniques, amour du stérile : Victoria apporte une nouvelle preuve que la dépendance au présent et à une pseudo-réalité 'd'humains contemporains' en roue libre donne généralement de la bouillie. L'encadrement minimal lui permet d'éviter la fosse où s'ébroue 9 songs.


https://zogarok.wordpress.com

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le 9 juin 2017

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Zogarok

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