D'une façon incompréhensible, les livres de John Dickson Carr n'ont quasiment jamais eu les honneurs du grand écran. Wake up dead man est bien la seule production d'envergure qui ait jamais rendu hommage à celui qui est, bien devant Agatha Christie, l'auteur classique le plus inventif du genre policier. Pour réparer l'injustice et sans doute aussi pour témoigner son admiration, Rian Johnson fait le choix de citer sa référence, et de l'appuyer tout du long. Avec moult gros plans sur la couverture de Trois cercueils se refermeront et citations récurrentes à l'auteur. C'est donc parti pour une enquête à la croisée du fantastique et du polar, qu'on aurait tort de qualifier d'intrigue "à la Agatha Christie", vu que l'inspiration est ailleurs. C'est donc plus sombre et tordu que de coutume dans une production hollywoodienne.
Pour le lecteur de Carr, c'est aussi paradoxalement un peu frustrant. Vu que Wake up dead man emprunte le ton et les idées de Carr, et qu'il puise allégrement dans plusieurs titres - à commencer par La chambre ardente - on se dit qu'on aurait tout autant préféré l'adaptation de La chambre ardente elle-même. Ou des Trois cercueils.
Mais si on n'est pas dans les tréfonds du macabre de certaines intrigues de Carr, le film a le mérite d'ancrer des histoires écrites il y a presque un siècle dans un univers contemporain. Il en actualise le propos avec cette même touche critique, déjà présente dans Glass onion, et possède ce côté ludique propre à la série. Avec quelques répliques et mimiques bien hilarantes. Donc à l'arrivée, en plus d'être un bel hommage littéraire, Wake up dead man est aussi un divertissement très au-dessus de la moyenne.